M. Delpla écrit que
"le droit, la démocratie, la réputation du procès de Nuremberg passent maintenant par un examen serein des faits, à la lumière des très nombreuses archives disponibles, déclarées "closed"
ou "retained"
dans les inventaires."
Je l'approuve, bien évidemment, à la condition de ne pas déformer ces mêmes faits.
M. Delpla reconnaît que Himmler s'est suicidé, et précise : avec
"une ampoule de cyanure, vraisemblablement bien ordinaire". Or, ainsi que le précisait un historien français,
"les chefs nazis portaient une capsule de cyanure, parfaitement étanche, dissimulée dans la bouche. Il fallait la broyer pour que le poison agisse. Si elle était avalée accidentellement, la capsule résistait aux acides de la digestion et ne produisait aucun effet" (Jacques Delarue,
Histoire de la Gestapo, Fayard, 1963, p. 443). Une description confirmée par un témoin oculaire, le colonel Murphy, qui a décrit la capsule de poison retrouvée sur Himmler comme
"suffisamment solide pour résister à une mastication soigneuse et aux liquides - surtout si c'était l'autre côté de la bouche qui était utilisé - mais pas suffisamment pour résister à une action visant à la briser", ajoutant de mémoire, mais de manière erronée, que cette capsule était en
"métal souple", alors qu'elle était probablement en verre solide.
M. Delpla ajoute également que
"l'officier en charge de lui [Himmler, N.D.L.R.]
dans les premières heures de sa détention a fait son travail consciencieusement, et son successeur, sur ce point, l'a diffamé grossièrement, je l'ai établi en tirant parti de documents rescapés de la censure". Diffamation grossière ?
Ce n'est pas prouvé. Et quand bien même : que le colonel Murphy ait éventuellement cherché à se faire passer pour plus compétent qu'il n'était ne saurait constituer une preuve d'un coup monté des Britanniques.
M. Delpla prétend
"que l'instrument du suicide a été donné par un Allemand (à la rigueur)", ce qui est en fait
impossible car les Britanniques n'ont pas perdu de vue Himmler,
"ou un Britannique (beaucoup plus vraisemblablement)", ce qui là encore est impossible car lesdits Britanniques
n'avaient strictement aucun mobile à faire tuer Himmler sans procès, outre que
que le convoi était suffisamment protégé pour prévenir une intervention extérieure, et que la seule preuve de ladite intervention s'avère non seulement un vulgaire
faux, mais encore
contradictoire avec les hypothèses de M. Delpla.
"Des falsifications ont été faites pour dissimuler cette réalité", affirme enfin M. Delpla. A mon sens, les fausses accusations viennent
d'ailleurs (
autre exemple).
Bref, M. Delpla persiste à induire le lecteur en erreur.