Bonsoir,
*** ... un des
Etats les plus policés du monde devenu en quinze jours un territoire de grand
banditisme, où l'on tue à loisir, où voler est une pratique admise, généralisée,
où viols et violences sont irrépressibles, où l'on abandonne sans soins les fous
et les malades, où médecins, policiers, gendarmes, agents de l'Etat, maires,
députés, conducteurs de trams, d'autobus, se sont évanouis dans la nature,
retournant par centaines de milliers à l'état sauvage *** (page
10).
Hallucinant ! L'analyse
de l'exode, cette "grande peur" qui jeta sur les routes de l'exode douze
millions de Hollandais, Belges et Français, était nécessaire car trop souvent
absente des livres d'histoire. Pierre Miquel a voulu écrire un livre en leur
mémoire en s'appuyant essentiellement sur les sources orales qui permet de
restituer la ruée vers le Sud avec le regard de ceux qui la vécurent. La terreur
organisée des Stukas allemands mitraillant les routes, les heurts avec l'armée
gênée dans ses mouvements, les exactions, la démission des autorités, les
familles dispersées, les pillages des maisons abandonnées...: autant de scènes
d'une effroyable débâcle que nous racontaient parents ou
grands-parents.
Depuis longtemps, je
cherche la réponse à une question pourtant simple: toute ma famille tant du
côté paternel que maternel - qui résidait en Brabant flamand, au Sud de
Bruxelles - est unanime pour affirmer qu'elle fut contrainte et forcée à
l'exode... "évacuation" disait-elle, sur ordre des autorités militaires. On
peut imaginer le désarroi de ces femmes seules, mères d'enfants en bas-âge,
abandonnant leur foyer, avec de maigres moyens de subsistance, pour la plupart
sans la moindre nouvelle du mari mobilisé, entraînées malgré elles sur des
routes improbables, vers des destinations inconnues... à pieds bien sûr,
poussant le landau des plus jeunes et traînant les aînés par le bras. Exode
ou évacuation forcée? Combien furent-elles à se retrouver dans le flot de
réfugiés par "nécessité militaire". Toutes disent également qu'elles furent
prises en otages comme boucliers humains, mêlées aux soldats en
déroute.
Bien
cordialement,
Francis.