C'est fou, si on regarde ce qui s'écrit sur le Net à propos de Vergès, c'est l'image d'un sympathique pourfendeur des pouvoirs qui domine et de loin. Même les nostalgiques de l'Algérie française, même les sionistes et même les communistes se font discrets. Et même si on met des bémols à propos de certains de ses engagements, le fait d'avoir été résistant sert de talisman purificateur.
N'eût-il commis qu'une saloperie, elle serait à mon avis rédhibitoire : il a tenté de priver la France d'une de ses plus belles histoires de résistance, en jetant le doute sur la régularité et même la réalité de l'évasion du 21 octobre 1943. Et qu'on n'aille pas me dire que c'était dans le cadre de ses fonctions d'avocat et qu'il importait à la démocratie que Barbie fût défendu, fût-ce au moyen de bassesses !
En fait il s'est acharné : ayant perdu, sur cette affaire, tous ses procès en diffamation, en sus de celui de Barbie, il a fait signer à ce dernier un prétendu testament accusant Lucie de lui avoir téléphoné le rendez-vous de Caluire. Puis, son client une fois mort, il a laissé ce texte fuiter dans la presse, avec les conséquences que Daniel a rappelées sur l'esprit limité du dénommé Chauvy.
"Défenseur de l'indéfendable" ? D'accord, à condition d'ajouter : à commencer par lui-même !
PS.- Je rappelle que les Aubrac, pour cause de judéité du mari, d'engagement tiers-mondiste et surtout peut-être de compagnonnage communiste terminé en 1956 comme dans beaucoup de cas, mais jamais renié comme dans beaucoup moins, n'ont jamais manqué d'ennemis... mais qu'aucun, avant Vergès, n'en avait fait des agents de Barbie.
Exemple d'un débat où l'épisode apparaît tardivement, après de nombreux posts élogieux :