"Je pense les Barbie et autres nazillons parfaitement capables de faire payer pour des balles à blanc et de fusiller les gens malgré tout.
Le problème c'est que Lucie a parlé de cela puisqu'on lui reproche implicitement de n'en plus parler. "
Les faits sont pour l'instant :
* un bruit absurde, qui ne correspond ni à Lucie, ni à Barbie, ni à la chronologie, a cours à Londres : le SS aurait demandé de l'argent à la résistante (qu'il prenait pour une jeune fille éconduite après avoir "cédé" et "en position intéressante", pour adopter le pittoresque vocabulaire pré-soixanthuitard) de l'argent pour faire semblant de faire fusiller son amant;
* le fonctionnaire qui interroge Lucie à son arrivée à Londres ne lui pose pas de question là-dessus mais relève dans sa conclusion qu'elle ne l'a pas elle-même abordée, ce qui signifie qu'il y a là un point à creuser;
* Lucie en 1988 l'aborde pour la première fois devant Anne Sinclair, en un court passage dont la teneur exacte est indispensable pour supposer quoi que ce soit;
* en supposant le pire (Lucie ayant caché un point capital de ses relations avec Barbie, et notamment le fait qu'elle l'avait revu après les entrevues qu'elle raconte (1), conclues par sa rugueuse mise à la porte par un méchant qui ne voulait même pas aider les filles-mères), elle aurait
tenu sa langue tout ce temps pour lâcher le morceau bêtement, une fois, à la télé.
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(1) la dernière du 28 juin selon son livre, nos conversations m'ayant amené à la déplacer, en historien sachant prendre ses distances, au 29 -un changement dont elle a bien voulu reconnaître qu'il était plausible. Je ne m'étais pas arrêté pour ma part à la fable littéraire, suggérée et assumée jusqu'à nos jours par l'éditeur Jean-Claude Guillebaud, d'une libération datée du 14 mai (alors que l'ordonnance de mise en liberté était du 10) pour mieux coller avec l'histoire de leur amour, je ne m'étais pas arrêté, dis-je, à cette fantaisie commerciale malencontreusement acceptée pour mettre en doute le reste de la parole de Lucie, comme semble-t-il vous l'avez fait.
Si cet histoire a un intérêt, c'est de montrer qu'il faut savoir résister aux sollicitations des éditeurs (combat de tranchées épuisant et sans cesse renouvelé; que celui qui a été intransigeant à l'occasion de son premier livre, qu'il était important de voir paraître vite, jette la première pierre !) mais surtout, si on cherche la vérité, de mettre en lumière le comportement hostile et anti-historique de ceux qui, sans le moindre biscuit supplémentaire, ont déduit que les Aubrac avaient engouffré dans ces quelques jours d'écart des relations fusionnelles avec la Gestapo. A commencer par Vergès dans le "testament".