Le fonds KV2 (Personnal Files) contient les documents relatifs à des enquêtes menées par le Security Service (MI5), le service de contre-espionnage, contre des personnalités (le KV3 (Subject Files) vise des organisations comme la Rote Kapelle) soupçonnées d'espionnage contre la Grande-Bretagne, ou, du moins, qui pourraient représenter un danger pour elle (les communistes notamment). Les personnes figurant sur la page communiquée sont bien des agents, mais de l'Abwehr, pas du MI6. Ce dernier (appelé aussi Secret Intelligence Service) étant, tout le monde connaît James Bond, le service de renseignement – je précise pour d’éventuels lecteurs moins bien informés. Il faut relever que, dans le système britannique – comme c’est le cas dans le système américain et dans le système suisse – SR et SCE sont bien séparés dans des organisations propres, soit respectivement le MI6 et le MI5. L’Abwehr et le SD contenaient les deux.
Dans le fonds KV2, il y a des dossiers d'agents du SOE, par exemple, car ceux-ci sont parfois soupçonnés d'avoir tourné casaque en revenant à Londres. C’est le cas de Nicolas Bodington (KV2/830), mais rien n’a été démontré contre lui. Il y en a aussi qui concernent des agents du SIS, comme Karel Sedlacek (KV2/1657), car celui-ci, rattaché au service tchèque en exil, poursuit après la guerre son activité en faveur de son pays devenu communiste. Mais l’essentiel des personnes impliquées sont des agents au service de l’étranger, parfois capturés. Quelques exemples qui me sont chers parmi d’autres : Walter Schellenberg (KV2/99), Alexandre Rado (KV2/1647), Alexander Foote (KV2/1611), Rachel Dübendorfer (KV2/1619), Rudolf Rössler (KV2/1627), Wilhelm Höttl (KV2/412), etc. Aucun agent du MI6 parmi ceux-là.
Pour ce qui est de la page que vous mentionnez, je me permets de relever la première phrase du second paragraphe de la première description : "Dehn had been resident in Britain since 1936". De tout façon, le MI5 était actif à l'étranger, pas seulement en Grande-Bretagne.
Je vous accorde volontiers que les services britanniques n'ont pas cherché à faire croire à des fractions rivales au sein de leur gouvernement. Ce n'était pas tant la stratégie non plus. Ca ne veut pas dire qu'ils étaient plus mauvais au jeu de la mystification. Fortitude – pour ne prendre que la plus célèbre – a pas mal réussi aussi, je crois.
Il n’empêche pour moi – le concours du plus rusé me paraissant secondaire ici – que le cas d’Halina Szymanska doit être éclairci pour se déterminer sur la trahison ou la fidélité de Canaris. Et ce n’est pas seulement en disant que Hitler était plus rusé, que la ligne Canaris-(Gisevius)-Szymanska-MI6, initiée dès 1939, s’inscrit forcément dans ses plans. |