Bonsoir,
Les Allemands pratiquent, comme chacun sait, le respect des hiérarchies et possèdent un sens aigu du protocole. Pétain, le monarque déchu, accompagné de sa femme et d'une petite suite de fidèles, se voit octroyer, avec ascenseur personnel, tout le septième étage, le plus luxueux, au sommet du château : le « perchoir » ou l'« Olympe » diront les mauvaises langues de la Collaboration. Celles-ci sont logées dans les annexes du château.
Notons que juste en dessous, au sixième étage, protocole oblige, est installé Laval (nous y reviendrons).
Pétain reste insensible à toutes ses marques de prévenances. Il boude. Il a décidé de faire la grève du pouvoir. Par contre, la grève de la faim, il n'en est pas question. Pétain bénéficie de seize cartes d'alimentation soit quatre fois plus que la moyenne des pensionnaires en villégiature à Sigmaringen. Pétain a gardé son appétit légendaire. Sa réputation de fine fourchette est bien connue des Allemands. Il est le seul avec la Maréchale à bénéficier d'un menu de luxe, le menu n°1. Le menu n° 2 est réservé aux officiers et hautes personnalités et ainsi de suite... Le docteur Ménétrel, par exemple, devra se contenter du menu n° 3.
Ah le bon Ménétrel ! Il veille à la bonne santé de son illustre patient. Une des différences dans les menus réside notamment dans la nature du fromage : maigre ou gras. Fromage gras pour Pétain bien sûr ! Et lorsque Ménétrel l'empêche de se resservir vu sa fragile santé, Pétain rétorque : J'assimile très mal, aussi, pour que la nourriture me profite, je suis obligé de manger beaucoup... , et il reprend du fromage.
Si Pétain boude l'exercice du pouvoir; il n'en boude pas pour autant les plaisirs de la table.
Bien cordialement,
Francis. |