...de la LVF ou de la collaboration armée, le débat a tendance à partir dans tous les sens (Dresde, les camps de la mort nazis, la Milice etc...) et ceux qui en appellent à un peu d'objectivité se voient facilement rejeter dans le camp des adorateurs de Vichy voir du IIIe Reich.
Je constate également que sur ce sujet des gens habituellement soucieux de rigueur historique perdent tout esprit critique et acceptent sans la moindre réserve des affirmations aussi grossièrement inexactes que celles de Borovick (La LVF n'a jamais combattu contre l'Armée Rouge). De la même manière, des accusations aussi graves que "la LVF a commis des crimes de masses, massacres de civils et viols" sont prises pour argent comptant alors même qu'elles sont fondées sur bien peu de choses : un rapport de police mettant en cause une poignée de soldats et UN cas de viol.
Je note que les livres de Mabire sont rejetés par les mêmes qui accordent du crédit à des ouvrages aussi mauvais que ceux de Delperrié dit "de Bayac" ou de Giolitto, auteur d'une histoire des Français sous le casque allemand et incapable de donner une estimation réaliste du nombre de ces derniers (30 000 affirme-t-il en comptant les mêmes personnes plusieurs fois, soit quasiment deux fois plus qu'en réalité...).
Si les livres de Mabire, notamment ceux consacrés à la division Charlemagne, sont en partie romancés et doivent être pris avec les réserves d'usage, ils ont néanmoins de grands mérites. Ils ont permis, grâce aux témoignages de nombreux vétérans et à l'historique réalisé par un ancien du QG de la division, de faire connaître des événements sur lesquels il n'existe pour ainsi dire aucune archive. Ils ont également pour eux d'être bien écrits, par un auteur, ancien chef d'un commando de chasse en Algérie, qui possédait la culture militaire nécessaire pour aborder ce thème. Mabire, lui, savait distinguer une mitraillette d'une machine à coudre.
C'est vrai, l'histoire de la collaboration armée a été connue, au départ, grâce aux témoignages (certains fantaisistes d'ailleurs) de vétérans du front de l'Est et par des auteurs qui en ont donné une vision un peu angélique. On pourrait dire la même chose de l'histoire de la 2e DB et de Leclerc écrite, aujourd'hui encore, par des anciens de la division Leclerc ou des "chantres énamourés" comme dirait Léon Bel. Cela ne semble poser de problème à personne et personne ne s'interroge sur l'objectivité des récits faits par les généraux Vézinet, Compagnon, de Boissieu etc...
A propos de la lutte contre les partisans, L. Laloup écrit : "Quelle est la difference entre ces méthodes et celles de la Das Reich qui zabralise dans le Limousin ?"
A mon avis, aucune. Et il faut bien faire le constat qu'un village rayé de la carte, population incluse, ressemble à s'y méprendre à un autre village "zabralisé" et que ce village se situe dans le Limousin, en Russie, en Vendée, en Irlande, en Espagne, en Prusse Orientale ou dans la région de Sétif n'y change rien.
Les méthodes de combat contre les partisans (exécutions sommaires, destructions de villages, représailles contre les populations civiles, recours à la torture...) ne sont hélas pas le monopole de l'armée de Hitler et tous les pays y ont eu recours à un moment de leur histoire. Sauf sans doute la Suisse et la principauté de Monaco.
Faire ce constat n'implique aucunement de mettre sur le même plan les démocraties et le régime hitlérien et n'atténue en rien le caractère criminel du nazisme qui tire sa spécificité non pas de la répression conduite contre les partisans mais du génocide, deux choses différentes à mon sens.
Alors oui, on "zabralise" moins depuis quelques décennies et on essaye de punir les coupables. Mais certaines méthodes perdurent et, lorsque les officiers américains se retrouvent confrontés au bourbier irakien, quel film se font-ils projeter ? La Bataille d'Alger. |