Pas de "rewriting". Je l'ai déjà indiqué ci-dessus, il s'agit d'un ouvrage NOUVEAU. J'ajoute : et souvent critique pour Galland, mais pas hostile (il n'y a aucune raison). Galland n'a jamais été accusé sérieusement, même pas par l'URSS ou Israël, d'avoir commis ne fût-ce qu'un seul acte répréhensible : assassinat, torture, crime contre l'humanité, crime de guerre, etc. Pourtant, il était très célèbre grâce à la propagande nazie ("Signal", "Der Adler", radio, cinéma), une véritable figure de proue, et l'un des rares hauts responsables militaires allemands encore en vie : si l'URSS, avec son KGB qui fouinait partout, avait eu le moindre soupçon contre Galland, elle aurait exigé son inculpation au procès de Nuremberg. Il est vrai que Göring l'avait limogé et fait tomber en disgrâce et que, en avril 45, il exerçait à peu près les fonctions d'un commandant (Major) tout en étant général (3 étoiles dans le système français). Mais Gollob, le successeur de Galland, lui aussi un grand as, n'a pas été inquiété non plus (c'était un sale intrigant et un camarade déloyal vis-à-vis de Galland, qu'il a "débiné" systématiquement en haut lieu). A part cela, c'étaient des combattants, point final. Galland ne pouvait ignorer certains crimes nazis, mais "savoir" ne signifie pas "pouvoir arrêter". Moi, par exemple : je sais qu'il existe des assassins et même des terroristes pendant que je mène une vie bien douillette et en sécurité, mais en quoi suis-je co-responsable de leurs crimes? Je serais responsable parce que je suis au courant? Alors, "Nous sommes tous des assassins", comme le dit un film célèbre.
<< (...) des paragraphes écrits à la demande, de nos jours, pour ménager les amours-propres nationaux meurtris? >>
- Ce n'est pas du tout de cela qu'il s'agit mais de rétablir la vérité, la réalité historique. On a répété pendant 40 ans "qu'on n'avait jamais vu un seul avion français en 40" (!), pour excuser l'incompétence monstrueuse des généraux terrestres français et les retraites précipitées, pas toujours vraiment nécessaires, pendant que nos aviateurs se sacrifiaient et brûlaient vifs dans leurs avions. D'ailleurs, du côté allemand, "à vaincre sans péril on triomphe sans gloire". En 1940, contre les Français, les Allemands n'ont pas vaincu sans péril! La Luftwaffe a perdu 3 278 membres du personnel navigant (PN), l'AA 923, la RAF 1 127 (les deux ensemble 2 050 de sept. 39 à juin 40), Belgique et Pays-Bas ensemble 550. Ces totaux incluent les tués, les blessés et aussi les prisonniers (au 24 juin). Je les ai trouvés dans l'ouvrage tout récent (en anglais) de Peter Cornwell sur la Campagne de France. Il pèse plus de 2,7 kg. Même en additionnant toutes les pertes non allemandes, on trouve 2 600 "PN" alliés et 3 278 PN allemands. C'est dû en partie aux nombreux bombardiers allemands abattus avec 4 ou 5 hommes à bord alors que la plupart des avions alliés abattus avaient des équipages moins nombreux.
<< Par ailleurs, je crois me souvenir que c'est une de ces "gloires aériennes" interviewée dans un magazine, par toute une cour de respectueux germanolâtres, qui a commencé à insinuer son "opinion dubitative pour certaines gloires de la guerre aérienne". >>
- Il est hors de doute que certains pilotes de chasse de tous pays ont sciemment exagéré le nombre de leurs victoires, tout particulièrement les Britanniques : dans la RAF, il n'y avait ni contrôle ni homologation des victoires, en tous cas pas en 1940 ni même 41, voire jusqu'en 44 ou 45 (?). La RAF a revendiqué 185 victoires le 15 sept. 40 (en réalité : 56). C'est certainement le cas de l'Allemand Wick - qui fut parfois en tête, au-dessus de l'Angleterre, devant Mölders et Galland - et de Balthasar. Beaucoup, voire tous, ont exagéré de bonne foi, croyant avoir abattu un adversaire qui, en fait, s'en était tiré par un piqué jusqu'au sol, parfois seulement avec des dégâts légers, voire nuls. Il y a aussi des cas où plusieurs pilotes du même pays ont tiré successivement sur le même avion, qui avait en fait été abattu par le premier sans que les suivants le... sussent. Cependant, je crois qu'il ne faut pas exagérer l'importance numérique de ces "comptages ou revendications multiples". Cela s'est produit parfois.
L'Allemand Rudorffer est très fortement remis en question à présent ainsi qu'Erich Hartmann, le "champion" de tous les temps (352 victoires?), et beaucoup d'autres. Certains palmarès allemands étaient probablement "gonflés" volontairement sur ordre de Göring, voire de Hitler ou Goebbels, car les nazis avaient besoin de héros purs et rayonnants, comme Hartmann, pour remonter le moral, bien bas, des troupes et de la population. La Wehrmacht a eu 5 millions de morts... 4 fois plus que la France en 14-18 pour une population allemande double.
<< Curieusement, personne n'a réagi au propos de Yves Courrière, dans Normandie Niemen, qui révélait que dans la Luftwaffe, on ajoutait au palmarès du commandant d'unité toutes les victoires remportées par ses subordonnés. >>
- Non, pas vous, pas "ça"! C'est une idiotie et j'ignorais qu'YC l'ait recopiée chez d'innombrables prédécesseurs. Cela prouve hélas son manque de sérieux, que je découvre... grâce à vous. Si c'était vrai, de nombreux chefs d'escadres allemands - et une escadre avait 124 avions en 1940, 160 à partir de 42-43! - auraient largement plus de 300 victoires et souvent plus de 500, voire plus de mille ; cela dépend évidemment du temps qu'ils ont passé à ce poste. Je crois que le record de victoires d'une escadre est de 10 000 ou plus, mais avec plusieurs commandants à sa tête. 3 000 chacun ou plus aurait été possible. Soyons sérieux! Même les Allemands seraient morts de rire devant de tels chiffres. Au surplus, le "champion", Hartmann, n'a jamais commandé une escadre. De nombreux pilotes allemands de grades subalternes, du caporal à l'adjudant et au s-lt, ont obtenu des palmarès impressionnants sans jamais commander une escadre, voire un groupe. Bien sûr, les as finissaient toujours par avoir des promotions, et même souvent par passer officiers s'ils étaient caporaux ou sergents au départ. C'était inévitable car les pilotes de chasse expérimentés, et respectés de leurs hommes, se firent de plus en plus rares en raison des pertes - non seulement les tués mais aussi les blesés, qu'on oublie souvent, et les nombreux prisonniers, dont certains étaient de grands as ou le seraient devenus autrement.
<< Si nous avions appliqué ce système en France, Louis Delfino serait un as à 251 victoires. >>
- Ou 273, ou 286, je ne sais plus, mais ce "système" n'a jamais existé dans aucun pays, et surtout pas en Allemagne, où, contrairement à ce qu'imaginent les Français ("discipline de fer", etc.) l'individualisme, voire l'égoïsme, des pilotes de chasse, était poussé à son paroxysme et encouragé par Göring, qui voulait de beaux palmarès pour "prouver" sa propre compétence. En 1940, ceux qui arrivaient à 20 victoires (parfois avant) recevaient IMMEDIATEMENT la plus haute décoration, le Ritterkreuz (Croix de Chevalier), souvent le jour-même, par télex ou télégramme. Plus tard, on passa à environ 40 victoires. Il ne faudrait pas croire qu'on l'obtenait facilement : environ 7 300 soldats l'ont reçue (dont quelques dizaines de généraux) sur environ 13 ou 15 millions de soldats, donc environ un sur vingt. Dans l'armée de terre, il fallait avoir accompli un fait d'armes vraiment exceptionnel (même un simple soldat). D'ailleurs, les pilotes de chasse capables d'obtenir 20 victoires sans se faire tuer avant étaient, eux aussi, exceptionnels... Ne pas oublier qu'il y avait, pour eux, une sélection sévère dès le départ, lors de leur engagement.
La discipline existait certes en Allemagne et elle était parfois très dure, mais les Français n'ont rien compris en général. Exemple : quand il était commandant puis colonel, Galland exigeait une obéissance totale et il ne plaisantait pas (voir le livre de D. Caldwell "The JG 26 War Diary") mais ses mécanos, des "rien du tout" dans la hiérarchie (de simples sergents), se sont quand même permis de visser sur son avion une plaque "RAUCHER" ("FUMEURS") empruntée aux chemins de fer allemands, certainement en pouffant, en riant beaucoup et en s'amusant merveilleusement... Galland, qui fumait ses cigares dans son avion, ne s'est pas fâché, bien au contraire. |