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Le réseau carte / Thomas Rabino

En réponse à -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1Guère compliqué... de Thomas Rabino

Sur Le Réseau Carte (fin) de Jacques Baynac le vendredi 11 avril 2008 à 18h25

Le Réseau Carte

Ce qu’il y a de passionnant avec les travaux de certains membres de la « communauté » historienne française, c’est la quantité de révélations qu’ils réservent à leurs lecteurs et qui laisse ceux-ci honteux de l’ignorance dans laquelle ils ont vécu jusque là. Ainsi en va-t-il de l’ouvrage si précis que Thomas Rabino a consacré au Réseau Carte. C’est fou ce que l’on y apprend.
Par exemple, p. 72, que Limayrac est au sud de Bordeaux alors qu’on l’imaginait sottement en banlieue toulousaine. Quel soulagement de lire, p. 156, que l’agent SOE Newman parlait « l’anglais sans accent » ; on frémit rétrospectivement à l’idée que cet Anglais clandestin en France aurait pu parler français parfaitement. Quelle satisfaction de voir enfin rectifiée, p. 161, l’identité de Nicole Bruguière alors que son ex-ambassadeur de père a toute sa vie osé prétendre s’appeler Raymond Brugère. Et comme Jean-Pierre Levy, l’ex-leader de Franc-Tireur, doit être satisfait d’avoir enfin récupéré, p. 165 et dans l’Index, l’accent sur le « e » de son patronyme, les sacrifices de clandestin ayant fait leur temps. Apprendre aussi, p. 265, que les collaborationnistes sont « nominalement stipendiés » par l’émetteur clandestin de Carte va loin, certes, mais quoi de surprenant après tout dès lors que la p. 246 nous enseigne que la French Section du SOE était pour sa part « régulièrement stipendiée par de Gaulle.» Du reste, dans le monde des clandestins rien n’est sûr, à preuve, p. 242, ce secrétaire général du ministère de l’Intérieur de Vichy, Georges Hilaire, qui était en fait le Ministre. Enfin, et pour en finir avec cet échantillon d’hommage à la sagacité de notre auteur, on a pris une fois pour toutes bonne note que l’ex-président américain Herbert Hoover, élu en 1928, était en réalité prénommé Edgar, comme le si regretté Edgar Hoover, inamovible boss du FBI. Comme le dit Thomas Rabino, p. 246, « son propos ne se départit pas [sic] d’une certaine justesse. »
Il va de soi que les apports sont également légion en ce qui concerne l’histoire de la Résistance. Concernant Moulin, les deux échantillons de révélation déjà donnés dans mon message du 11 avril suffisent. Le reste est à l’avenant. Concernant Frenay, seul s’étonneront d’apprendre qu’il « pestait » de voir le général Delestraint choisi par Moulin pour prendre la tête de l’AS ceux qui ignorent que c’était Frenay qui avait comploté avec Moulin pour confier cette fonction à Delestraint. Mais, là encore, on ne relèvera pas les innombrables contre-vérités dont Frenay est accablé, les soi-disant spécialistes ayant tellement martelé celles-ci qu’ils en ont fait des vérités évangéliques dont toute mise en doute vaut blasphéme. De même à propos de Bénouville décrété, p. 216 et p. 241, membre de la Cagoule, quand rien n’est moins certain. On ignorait aussi qu’il avait succédé à Frenay à la tête de Combat (p. 216), croyant savoir qu’il avait seulement assuré son intérim aux « affaires militaires », du 15 juin 1943 au début 1944. Si l’on osait une légère critique, ce serait pour regretter que ne soit pas bien sourcée la citation selon laquelle Bénouville, « archétype des nouvelles recrues » de Combat (p. 216), « abhor[ait] les politiques corrompus et les journalistes juifs. » (p. 246). On passera volontiers sur cette peccadille étant donné les considérables apports de l’ouvrage.
Mais trêve de « circonvulsions », comme l’auteur l’écrit si heureusement p. 11, pour en venir à l’essentiel.
Du début à la fin, il ne cesse de qualifier Carte – l’homme Girard et son organisation – de « bluff », maints synonymes foisonnant au fil des pages. Simultanément, il clarifie à sa façon certains points qui, sans lui, resteraient inexpliqués. Par exemple, p. 280, il soupçonne fortement Roger Bardet d’avoir trahi en livrant une liste de noms de membres de Carte : « Il avait été appréhendé une première fois quelques jours avant la saisie du listing. » Cette saisie avait été effectuée « courant novembre [1942], [par] l’Abwehr » (p. 278). Sauf que ce ne fut pas l’Abwehr qui saisit la liste mais la police française, sauf que Bardet n’avait pas été arrêté courant novembre, avant la saisie, mais après, exactement le 2 décembre, à Cannes et sous un faux nom, et qu’il s’était évadé dans la nuit du 3 au 4 sans avoir été interrogé – cf à ce sujet Patrice Miannay, Dictionnaire des agents doubles, p. 45, Le Cherche Midi, 2005. A défaut d’avoir effectué des recherches sérieuses dans les archives, ainsi que je l’ai déjà indiqué, notre auteur s’est un peu trompé.
Le plus important concerne toutefois sa volonté d’annihiler la thèse selon laquelle Carte fut l’objet d’une manipulation par les services britanniques. En deux mots, elle consiste à mettre en cause le SIS et le SOE/F à travers la personne de Nicholas Bodington, n° 2 de SOE/F tout en étant l’homme lige de Claude Dansey, n° 2 de l’IS et machiavel de la plupart des opérations de « deception » dont les Britanniques ont fait si grand et si bon usage pendant la guerre pour égarer, tromper, mystifier, intoxiquer l’ennemi. Inutile d’entrer dans le détail de sa réfutation de cette thèse, il suffit de le lire pour constater que sa conclusion contredit les données collationnées auparavant. Si Girard/Carte est le bluffeur qu’en fait Rabino, et si son organisation est minuscule (100 membres à l’été 1942 – et ça c’est vrai) pourquoi diable cet été-là Bodington vient-il sur la Côte d’Azur promettre d’emblée à Carte, sans rien vérifier et sans discuter, de lui livrer sans tarder 50 000 Stens, 600 émetteurs, des millions, etc., etc. … Inutile de préciser que ces belles promesses ne furent pas tenues. Pour toute l’année 42, les livraisons de Stens pour tous les Mouvements et tous les réseaux, français et anglais, en France, s’éleva à moins de 500 Stens. Seule explication vraisemblable, Bodington a fait ces promesses ahurissantes parce qu’il avait ordre de les faire. Pourquoi ? Parce que Londres calculait que la liaison de Carte avec des militaires de l’Armée d’armistice ferait passer l’information à Vichy et de là aux Allemands. Ce qui contribuerait à détourner leur attention des préparatifs de débarquement Allié en Afrique du Nord, prévu pour octobre avant d’être repoussé au début novembre.
De tout cela, Thomas Rabino ne veut pas entendre parler. Même si sa recherche archivistique sur cet aspect des choses est très lacunaire – au point qu’il semble ignorer la relation amicale établie dès les années 30 entre Bodington et Boemelbourg, chef des services répressifs allemands en France – il aurait pu se rendre compte qu’il apportait lui-même la preuve de la validité de la thèse « intox Carte ». P. 304, il cite celui qui fut le mieux placé pour en parler : Bodington. Que dit-il ? «Même s’il y avait du vrai [dans ce que disait Carte], son histoire de réseau géant n’avait aucune utilité pratique. »
Si Carte n’était d’aucune utilité pratique, pourquoi, alors, lui avoir promis monts et merveilles en août 42 ? Eh bien parce qu’en réalité Carte avait une grande utilité pratique dont Bodington se garda de parler. Celle d’être un vecteur d’intox parfait.
Mais tout cela, n’est-ce pas, n’est que calembredaine baynacienne. Et téléologie – ce qui n’est pas peu dire !

Pour ma part, j’en resterai là.

Jacques Baynac

*** / ***

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