... (se) demande Jean DELMAS (général-historien) dans une communication du colloque intitulée "La manœuvre générale, surprise allemande, défense française".
A propos de l'étude polémique de K.H. FRIESER "qui conteste l'existence d'une Blitzkrieg stratégico-politique", Delmas tient à reprendre les constatations d'une thèse dont il reconnait la pertinence mais dont il estime "l'interprétation parfois criticable". Il refuse de suivre FRIESER quand ce dernier écrit que "la campagne de France fut une Blitzkrieg improvisée mais réussie"; c'est la notion d'improvisation sur laquelle il avoue buter. Il précise :
"Si le haut commandement allemand a fait construire des chars sacrifiant une protection par épais blindage, à la vitesse, au rayon d'action et à un réseau fiable de transmissions, c'est un CHOIX et non une IMPROVISATION (je souligne), et ce n'est pas pour mener une action au pas lent de l'infanterie. Et s'il a regroupé tous les chars dans dix divisions blindées et si sept sur dix exercent leur effort sur 100 km, entre Dinant et Sedan, c'est une décision prise, certes non sans débats, car elle suscite de vives inquiétudes sur l'écoulement de toutes ces unités mécanisées de l'Eiffel à la Meuse, à travers les Ardennes. Mais la décision est prise et l'instrument de guerre, le binôme char-avion, est en place.
Mais qu'elle soit "improvisée" ou le fruit d'une opération conçue pour déséquilibrer l'adversaire, cette offensive sur la Meuse et ses résultats vont permettre au haut commandement allemand de conserver en permanence l'initiative des opérations et de contraindre l'adversaire, qu'il soit français, anglais ou belge, à une posture défensive.(...) Le trait dominant de cette campagne de 40 jours est donc la permanence de l'initiative allemande."
Difficile donc de voir dans cette pression allemande constante l'expression d'une improvisation générale. (Même si des officiers ont été amenés à prendre des intitiatives en improvisant à leur échelon.)
Cordialement,
RC |