Je suis heureux que nous soyons arrivés globalement aux mêmes conclusions.
A propos de Bernard Cuénoud, je me permettrais toutefois une position un peu plus "dure". Pivot, comme chef de bureau, entre, d'une part, la tête du SR (Masson, Müller) et les autorités militaires (chef de l'EMA, Général), et, d'autre part, les chefs de PR, il incarne à mon sens l'attitude "schizophrénique" de la Suisse en matière de renseignement.
Du côté des chefs de PR, il est au moins au courant de la collaboration mise en place par eux avec les services Alliés. Je dis "au moins", car il semble même en être à l'origine dans certains cas. Il a notamment fait en sorte que l'agente Hélène Maître soit recrutée par le poste de Porrentruy, alors qu'il ne pouvait ignorer qu'elle travaillait déjà pour le Français Gaston Pourchot (c'est lui qui l'a faite sortir de prison après un passage de frontière raté en faveur du chef du réseau Bruno).
A l'inverse, il a développé toute une gamme de stratégies pour nier l'implication du SR dans cette collaboration - la plus fréquente étant de refuser le statut d'agent aux personnes en difficulté avec les autorités judiciaires helvétiques.
En résumé, Cuénoud connaît les pratiques de ses subordonnés, voire y participe, mais il s'exprime officiellement comme une autorité. Si je doute que Masson ait été à sa place à la tête du SR, il semble bien que Cuénoud disposait, lui, des "qualités" humaines requises pour son poste. |