Le symposium organisé les 15 et 16 juin au collège des Bernardins par l'association Yahad-In Unum en coopération avec l'université Paris-IV
a tenu toutes ses promesses.
L'Aktion 1005, dirigée depuis la mi-42 par le SS Paul Blobel, consistait à exhumer pour les brûler les cadavres des Juifs assassinés en Europe de l'est. Elle n'est étudiée par la recherche universitaire que depuis peu. Les historiens les plus "pointus" du monde entier sont venus dire l'état de leurs recherches. Des spécialistes du génocide dans d'autres régions (Serge Klarsfeld), ou d'autres génocides (Rwanda), ou des non-historiens (spécialistes de littérature, psychanalystes...) sont venus apporter l'éclairage de contextes variés. Il suffisait de passer une heure dans la salle pour ne plus accorder aucun crédit aux attaques récemment lues ou entendues contre les travaux du père Patrick Desbois (revue XXème siècle, mai 2009, émission La Fabrique de l'histoire, 27 mai; les reproches portaient sur le caractère peu scientifique des méthodes et sur une médiatisation peu dialoguante). Sans prétendre à un monopole quelconque, ces travaux participent d'un nouveau souffle qui anime aujourd'hui les études sur la "Shoah". Il s'agit, en cernant toujours mieux le déroulement des faits, d'approfondir la réflexion sur leur sens.
En attendant la publication (annoncée rapide) des actes, je tenterai de donner une idée de la richesse de leur apport par une réflexion de Deborah Lipstadt, une universitaire américaine rendue célèbre par le procès que le négationniste Irving a perdu contre elle à Londres, lors de la séance de clôture :
En arrivant hier matin (mais j'ai l'impression qu'un temps bien plus long s'est écoulé), je me demandais pourquoi les organisateurs posaient la question du rôle de l'opération 1005 dans la mise en place du négationnisme. A présent je l'ai parfaitement compris.