Il n'en reste pas moins que la ligne Staline représentait un ouvrage considérable qui allait de la mer Noire à la Baltique et qui, contrairement à la ligne Maginot, était incontournable.

Suvorov cite maintenant P. Grigorenko, c'est-à-dire à la fois l'artisan de ces fortifications et général soviétique ayant fait la guerre jusqu'à Berlin. Je ne vois autre témoin plus crédible.

"Le brise glace" p87
Ce n'est pas du tout ce que fit Staline. En fait, dès l'automne 1939, tous les chantiers de la ligne qui portait son nom furent arrêtés. Les garnisons furent réduites puis dissoutes. Les usines cessèrent de produire du matériel pour ces fortifications. Les UR existants furent désarmés et tout le matériel envoyé dans des dépôts. Certains ouvrages furent donnés aux kolkhozes, en guise de silos, la majorité des autres fut recouverte de terre. L'industrie cessa de produire la plupart des armements défensifs, à commencer par les canons anti¬chars et ceux de 76 mm qui pouvaient être également utilisés contre les blindés. Les canons de ce type qui étaient déjà en service furent affectés à d'autres utilisations. Quant aux fusils anti-chars, ils furent retirés de la circulation. Tout ce qui était lié à la défense fut détruit sans pitié.
En 1940, l'état-major soviétique entreprit néanmoins la construction d'une ligne UR sur la nouvelle frontière avec l'Allemagne. Elle fut, non sans ironie, baptisée du nom de Molotov par les militaires bien que ce ne fût pas sa désignation officielle. Les travaux avançèrent très lentement et elle ne fut jamais achevée.
Au printemps 1941, l'agonie de la ligne Staline atteignit un point critique. « J'ignore comment les futurs historiens expliqueront ce crime contre notre peuple, écrit le général Grigorenko. Les historiens actuels passent cet événement complètement sous silence, et moi-même j'en ignore l'explication. Le gouvernement soviétique a pompé des milliards et des milliards de roubles au peuple (pas moins de 120 milliards selon mes calculs) afin de construire des fortifications infranchissables le long de la frontière occidentale, de la Baltique à la mer Noire. Et voilà qu'à la veille de la guerre, au printemps 1941, sur toute la longueur de cette ligne de 1200 km, on entendit des explosions assourdissantes. De puissantes caponnières, des postes de tir, des postes de commandements et d’observation, des dizaines de milliers d’ouvrages défensifs, tout cela sauta sur ordre de Staline en personne »

Ce qu'il y a de sûr c'est qu'on ne peut pas rejeter sans autres les arguments de Suvorov concernant l'intention d'attaque et toute la tactique qui en découlait.

cordialement

cf