Une réponse avec les dernières lignes du papier de L. Joffrin dans Libération :
A quoi sert donc Chauvy, consciemment ou inconsciemment ? A une chose très contemporaine : la confusion des valeurs. Sans preuve décisive, encore une fois, il met sur le même plan l'accusateur (Barbie) et les prévenus (les Aubrac). L'un accuse, les autres se défendent. Entre les deux thèses, celle du nazi et celle des résistants, on ne décide pas. Tirons un peu : au fond, ces nazis employaient des méthodes choquantes. Mais ces résistants ne sont pas nets. Sophismes, fausses symétries, confusion. L'histoire officielle ne dit pas cela? Mais justement! C'est l'histoire officielle ! C'est-à-dire une histoire fausse, par définition. Une fois de plus, «l'effet X-Files», du nom de cette série américaine fondée sur l'idée que les autorités mentent sur tout, qu'une vérité vertigineuse se cache derrière l'apparente certitude des institutions, joue à plein. En attaquant la Résistance, Chauvy prend la pose de l'iconoclaste, du résistant à la légende de la Résistance. Il a le beau rôle. Il ne prouve rien? Les erreurs des Aubrac peuvent s'expliquer par beaucoup d'autres choses que la trahison supposée? Pas grave: Chauvy est seul contre une institution. Il est en bas, les Aubrac en haut. Il touche, par définition, la prime d'hétérodoxie, celle que les médias distribuent avec le plus de générosité. Mais il ne suffit pas d'être iconoclaste pour avoir raison.
Cordialement.
RC |