Dans Résister, histoire secrète des années des années d'Occupation, Jacques Baumel écrivait en 1999 :
Avec Bertie Albrecht est morte l'une des plus pures héroïnes de la Résistance. Une rue à Paris porte aujourd'hui son nom. A part cela, je crains qu'elle n'évoque plus grand-chose à la plupart de nos contemporains. Aucun film à grand spectacle n'a rappelé son sacrifice. Probablement a-t-elle eu le tort de mourir. La postérité aime assez les grands témoins encore vivants, dont on fait des idoles qui vont dans les écoles et sur les plateaux de télévision. C'est ainsi qu'une Lucie Aubrac en est arrivé à incarner la Résistance et symboliser ses plus hautes vertus. Lucie Aubrac fut indéniablement courageuse, ce qui est beaucoup, ce qui est tout de même un peu court pour prétendre à pareil honneur, quand on sait ce que fut en comparaison une Bertie Albrecht, quand on a connu l'une et l'autre, quand on se souvient de l'importance de celle-ci, de son charisme, de ses responsabilités à la direction de la Résistance, de son talent infatigable et de la parfaite droiture de son parcours. (p.161)
Ce n'est pas insulter la mémoire de Lucie Aubrac que de citer ce passage où le secrétaire des MUR replace l'importance de deux femmes, de deux résistantes dans l'histoire et dans la mémoire française.
(Jacques Baumel écrit quelques pages plus loin que le subterfuge monté par Lucie Aubrac pour faire libérer Raymond est tout-à-fait plausible, même s'il note lui aussi des variations dans les versions successives du récit qu'en en a fait.)
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