Bonsoir,
La particularité du livre de Gérard Walter est de décrire la vie quotidienne à travers la presse de l'époque. Si celle-ci reflète l'évènement, elle est aussi le miroir de l'opinion publique.
Pendant l'occupation allemande à Paris, la presse quotidienne comptait plus de cinquante titres d'un tirage quotidien global de près de trois millions d'exemplaires. En ces temps de pénuries, ce chiffre est énorme mais les Déat, les Luchaire ou les Suarez, épaulés par leurs tuteurs nazis, avaient bien compris qu'il fallait à la fois distraire les Parisiens et leur inculquer les vertus de l'Ordre nouveau. Bien entendu, il ne fallait que rien ne vienne perturber les habitudes et les attentes des lecteurs. A côté des rubriques de "leçons des choses" et des "faits divers", de nombreuses pages étaient consacrées aux "échos mondains", aux comptes-rendus littéraires et artistiques, aux spectacles, aux sports et surtout aux multiples problèmes de la vie pratique. Bref, une mine d'informations qui permet de mieux comprendre les conditions d'existence des Parisiens.
Enfin, saura-t-on un jour combien de Parisiens interprétaient, par exemple une phrase comme celle-ci, "une jeune dévergondée enjuivée par ses fréquentations douteuses promenait son chien affublé d'une étoile jaune" par "une jeune femme courageuse, hostile aux mesures antisémites, défiait les autorités..."
Bien cordialement,
Francis. |