Poursuivant ma lecture du livre de Joly, je relève ceci p. 83.
Jean-Claude Barbas, éditant en 1989 les discours de Pétain, fait état pour la préparation de celui du 9 octobre 40 d'un brouillon annonçant le statut des Juifs. Le paragraphe en question est barré par une main qui a écrit ceci en marge (en signant "MC") : "Pas encore. Le pays n'est pas antisémite et Paris se contente des mesures contre avocats et médecins juifs."
Dans mon Montoire (1996), p. 221, j'avais interprété ce "Paris" comme signifiant "Abetz".
Joly ne voit pas là une hypothèse fantaisiste, il l'ignore purement et simplement (en omettant de signaler la signature "MC" et de se prendre la tête, comme je l'avais fait vainement, pour l'identifier), et commente :
"La remarque, renvoyant aux lois xénophobes des 16 août et 10 septembre 1940, montre que ces dernières donnaient satisfaction aux revendications antisémites "parisiennes" (allusion aux milieux de la collaboration ou aux revendications des avocats d'extrême droite du barreau de Paris) et que la stratégie de Laval avait encore des partisans, dans l'entourage du Maréchal, au début d'octobre ."
Je ne savais pas Pétain, ni ses conseillers, aussi attentifs aux humeurs des collaborationnistes parisiens. C'est là, pour le coup, une thèse révolutionnaire. Mais elle me semble un rien fantaisiste.
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