De nombreux militaires, de carrière ou non, ont suivi une règle, que chacun peut discuter, qui dirait à peu près ceci: "subordonner ses propres idéaux aux principes de son pays". Nombre de militaires français de haut rang n'ont-ils pas continué à servir le gouvernement en place avant, parfois tradivement, de se ranger aux côtés du général De Gaulle? Vous penserez bien entendu à De Lattre, mais il ne fut pas le seul... quel que fût le grade d'ailleurs. La question de l'honneur, du serment à respecter, reste délicate. Une fois de plus, je ne vois pas de quel droit nous nous permettrions de juger le choix de ces soldats. Remarquer qu'ils n'ont pas choisi la juste cause, le camp de la liberté (à nuancer, là aussi... notamment aux derniers jours des combats en Europe; je ne sais pas si nos pilotes du Normandie-Niemen, consultant une boule de cristal, auraient choisi les appareils frappés de l'étoile rouge comme signe de "combat pour la liberté" des peuples européens, un joug en chassant un autre), soit. Mais nier le courage du choix d'un combattant, qui met sa vie en jeu dans le combat que lui-même croit juste, c'est une erreur grave. Vous savez comme moi que les Français ayant porté l'uniforme allemand et qui ont été internés quelque temps après la guerre n'ont que rarement été molestés et humiliés par leurs geôliers, souvent communistes, parce qu'ils avaient combattu les armes à la main face à "leur ennemi". Naturellement, les anciens miliciens ne "jouissaient" pas de ce traitement de "faveur", et on comprend aisément pourquoi. Un "courage de salauds", pourquoi pas. Comme j'en avais déjà parlé pour le cas italien, dont le gouvernement-marionnette (Badoglio a toujours été une larve, comme militaire et comme personne)avait déclaré la guerre à l'Allemagne (respectant ainsi les volontés d'Eisenhower lors de la signature de l'armistice de Cassibile... n'oublions pas que l'Italie n'avait pas été contrainte de signer une capitulation sans condition, comme cela avait été prévu lors de la Conférence de Casablanca! et... on parle beaucoup de cette déclaration de guerre en oubliant que la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie , alliées du Reich, firent de même une fois leur sol envahi), beaucoup ont choisi, "per l'onore d'Italia" comme ils le clamaient, de poursuivre le combat (que j'appelle personnellement le "pacte avec le diable")pour l'autre gouvernement-marionnette, celui de Salo' (n'oublions pas, là encore, que Mussolini reprit la tête d'un gouvernement fasciste fantoche, manipulé par les nazis, suite au chantge d'Hitler: soit il reprenait ses fonctions dans l'Italie encore "vierge" de tout combattant allié, soit il ferait payer très cher la trahison italienne...)et ce parce qu'ils n'acceptaient pas l'idée de trahison, et ce même s'ils détestaient cordialement les "crucchi", les "boches". La jeune république italienne, en 1946, leur fit par ailleurs largement payer ce choix en dégradant les militaires de carrière et en les humiliant. Un peu comme chez nous: les mêmes juges et les mêmes magistrats, qui n'avaient jamais changé de fonction selon les aléas des gouvernements, les condamnèrent... ces enfoirés-là, on n'en parle guère! Il est où, leur courage à ces types-là? Mon grand-oncle, ancien du Vercors et de Rhin et Danube, m'a rapporté récemment l'anecdote suivante: une jeune femme accusée de "collaboration horizontale" avec un Feldwebel subissait, au tribunal, l'acharnement d'un magistrat, un de ces fameux qui eurent le toupet de juger les résistants et les collabos, sans sourciller. Certes, elle avait couché mais n'avait commis, selon mon oncle, aucun acte de dénonciation ou autre. Devant la haine du roquet qui aboyait en face d'elle en lui demandant "pourquoi elle avait fricoté", elle lui rétorqua avec aplomb qu'avec "une gueule comme la sienne, une telle chose ne risquait pas de lui arriver". Elle fut condamnée à mort et passée par les armes. Je suis admiratif devant tant de courage d'un vrai défenseur de la liberté... |