Le sort d'une partie des prisonniers de guerre italiens laissés entre les mains françaises après la chute de la Tunisie ne semble être une révélation que chez nous. J'estime qu'il serait honnête que les Italiens ne soient pas les seuls à avoir étudié la question; pour ma part, je l'approfondirai. Bref. Pour le reste, on pourra toujours trouver des crimes de guerre italiens sur tous les fronts (probablement en nombre non négligeable), comme on pourra en trouver pour toutes les armées et dans toutes les guerres; je précise en outre que, personnellement, je n'ai jamais prétendu le contraire (l'épisode que vous relatez est peut-être le torpillage de l'Empress of Canada au large du Libéria par le sous-marin Da Vinci... comme vous le savez, le rôle du submersible n'était pas de prendre des naufragés, et ceux qui contrevenaient à cet ordre express de Dönitz, dont dépendaient les bateaux italiens basés à Bordeaux, risquaient de graves sanctions: certains officiers italiens, dont Salvatore Todaro, en avaient fait les frais en 1941. Les submersibles alliés avaient des consignes identiques. Relisez l'épisode du Laconia, et vous verrez que les opérations de sauvetage pouvaient se transformer en tragédie pour l'attaquant). Enfin, je ne crois pas que les prisonniers italiens étaient pour la plupart satisfaits de leur sort, comme tout un chacun le serait dans le même cas. Nombreux sont les témoignages sur l'arrogance d'Italiens tombés entre les mains alliées (ajoutant encore au mépris de ces derniers pour les Transalpins). Mais le contraire devait probablement exister aussi... (en 1943 en Sicile, certainement, les défenseurs autochtones, bien briefés par des mafieux italo-américains fraîchement reconvertis en défenseurs de la cause alliée, que les Américains avaient parachuté quelques semaines avant "Husky")A vous lire, on croirait que tous les Italiens considéraient la capture comme une bénédiction, et le fait qu'ils aient eu foi ou non en la légitimité de leur engagement dans cette guerre ne pouvait selon moi influer sur le sentiment qu'ils ont dû éprouver au moment de leur capture. Le soldat italien "moyen" avait probablement un complexe d'infériorité, par rapport aux Allemands et aux Alliés quand il voyait avec quoi il se battait et par qui il était commandé (en général, car il y a eu de très bons officiers supérieurs). Quand à sa valeur individuelle, je ne vois pas en quoi elle serait inférieure, en moyenne, à celle d'un tout autre combattant d'une autre nation. A croire que l'humiliation de mai-juin 1940 nous pousse toujours à trouver un plus mal loti que nous... |