Bonsoir,
Il est bien difficile de démêler l'écheveau des assertions des divers protagonistes de "l'affaire Pucheu" tant les avis divergent. Peut-être doit-on regretter une focalisation excessive sur l'entretien que de Gaulle aurait accordé aux défenseurs de Pucheu et surtout, comme l'indique François Delpla, se méfier des interprétations qu'en ont tirées les historiens. Quel crédit faut-il accorder à cet entretien ? Notons déjà une différence formelle entre la version des faits présentés par Robert Aron (Histoire de l'épuration) et celle d'Alain Decaux (Morts pour Vichy).
Robert Aron laisse penser qu'il aurait recueilli le témoignage du bâtonnier Buttin, l'un des trois avocats de la défense de Pucheu.
Alain Decaux précise que Me Buttin n'était pas présent lors de l'entretien. Ce serait Me Gouttebaron et Me Trape qui, le 19 mars, sont reçus par le général de Gaulle pour le recours en grâce de Pucheu.
*** (...) appuyé sur le capot d'une voiture, c'est "à chaud" que Me Trape a consigné les propos de Charles de Gaulle. ***
Alain Decaux ajoute avoir tenu entre les mains, les notes écrites au crayon par Me Trape. Ce n'est qu'un point de détail sans grande importance. C'est plutôt la manière de présenter les propos du général, l'inflexion des phrases, par exemple, qui posent problème... comme quoi il est possible de faire dire n'importe quoi à un texte. Notons, par exemple, que Robert Aron fait l'impasse sur les paroles du général de Gaulle à propos de la responsabilité de Giraud.
Pour y voir plus clair et pour laisser à chacun le soin de se forger une opinion, je propose de scanner la relation de cet entretien, version Aron suivie de la version Decaux.
A bientôt,
Francis. |