Bonsoir,
Dans son étude L'armée de Vichy : le corps des officiers français, 1940-1944, rééditée il y a peu (Tallandier), Paxton écrit à propos du général Huntziger :
Pendant la campagne de France, son officier de presse, qu'il avait choisi personnellement, n'était autre qu'Henri Massis, l'un des propagandistes en vue de l'Action française. Huntziger et le Maréchal (Pétain) devaient développer par la suite des relations chaleureuses qui s'expliquent par leur parenté d'esprit, l'un comme l'autre étant préoccupés par les questions de morale et d'éducation.
Quand l'Ordre de la Francisque fut créé en tant que marque spéciale d'estime du Maréchal, Mme Huntziger fut la première à en recevoir les insignes.
(p. 22)
Bien sûr cela ne fait pas d'Huntziger un traître en puissance, mais voilà encore un officier supérieur qui, bien sûr, ne "faisait pas de politique" mais dont tous les papiers, toutes les décisions et tous les ordres passaient entre les mains de Massis, un des chefs de l'AF sans nul doute en contact serré avec les cellules de la Cagoule chargées de "travailler" les cadres de l'armée française en profondeur...
Quand on sait la haine de la démocratie qui habitaient les membres actifs de la Cagoule, les ultra royalistes et les autres militants d'extrême droite avant et pendant la "drôle de guerre", l'influence de leur discours antirépublicain et anticommuniste sur certains chefs de l'armée - "Mieux vaut Hitler que les rouges et tant qu'à faire si le maître du Reich peut nous aider à liquider la "gueuse" ... !" - on est en droit de se poser quelques questions quant à leur attitude sur le terrain en mai et juin 1940. Défaitisme "actif", trahison passive, "cécité" circonstantielle, complaisance coupable,etc. Difficile de qualifier certains comportements sans éléments décisifs...
Les éléments de JR Gorce sont certes troublants; mais a-t-on les moyens de les confirmer ou de les infirmer ?
Bien cordialement,
RC |