Bonsoir,
Si le projet conduit par notre complice Francis Deleu autour de "l'opération Torch", sa préparation et les bouleversements politiques qu'elle a déclenchés en Afrique du Nord aborde un jour le procès Pucheu qui s'est déroulé en Algérie, on trouvera dans l'étude "Le sang des communistes : les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée" de J.-M. Berlière et F. Liaigre des éléments très intéressants. Les deux auteurs reviennent en effet avec précision sur les accusations contre Pucheu en nuançant les éléments à charge du dossier et en constatant que ce procès très politique fut entaché d'irrégularités. L'affaire Pucheu semble avoir été pour de Gaulle à la fois un moyen de liquider définitivement Giraud et un gage offert à ses compagnons de lutte mais aussi (surtout ?) aux communistes qui avaient chargé, souvent sans preuve, l'ex-ministre de toutes les exécutions de militants qui eurent lieu alors qu'il était à l'Intérieur.
Les deux auteurs rappellent sans aucune complaisance l'anticommunisme viscéral et l'antisémite déclaré du serviteur enthousiaste de l'Etat de Pétain que fut Pucheu. On le sait, il ne fut pas, et de loin, le seul politicien compromis dans l'établissement des listes d'otages, mais c'est lui qui fut désigné par les chefs du PCF comme le grand et unique responsable du martyr de leurs camarades et il n'a pas pu bénéficier d'une procédure à peu près équitable en Algérie en 1944.
Dans l'affaire des listes d'otages du camp de Chateaubriant désignés pour les pelotons de la Wehrmacht, il n'y a pas qu'un homme coupable, mais bien une chaîne de responsabilités, du ministre à son chef de cabinet, puis du préfet au sous-préfet qui ont tous menti et balancé leurs supérieurs ou leurs subordonnés.
Comme l'écrivent les auteurs, "ce procès d'exception laisse d'amères impressions, génère des commentaires inquiets. Entaché d'irrégularités, il laisse mal augurer de la Libération."
C'était une petite amorce; j'espère que nous aurons l'occasion d'aborder cette affaire Pucheu plus à fond et discuter sa signification politique à Alger en 1943 et au début 1944, ainsi que rôle qu'il a joué pour l'éviction des giraudistes des affaires.
Bien cordialement,
RC |