Bonsoir,
En discutant "off" du procès Pucheu avec Francis, on tombés d'accord pour dire que les termes "victime expiatoire", même s'ils semblent excessifs dans le cas d'un collaborateur aussi corrompu par la Révolution nationale qu'un Pucheu, s'appliquent tout de même à celui qui fut le ministre de l'Intérieur de Darlan (et le resta quelques temps sous Laval) et qui fut exécuté comme figure emblématique des crimes de l'Etat français à Alger après un procès entaché d'irrégularités.
En 1944, les communistes sont en pointe et ils veulent absolument la tête de Pucheu. De Gaulle, alors en pleine marche vers l'obtention du pouvoir provisoire, a besoin de jouer sa carte ouvrière (ouvrière, pas prolétarienne, un terme qui n'a jamais appartenu au discours gaullien) pour affermir sa légitimité nationale auprès des Alliés et liquider les darlano-giraudistes. Il leur a "donné" Pucheu. Si, comme pour l'exécution de Darlan, il est difficile de plaindre une personnalité aussi compromise dans la Collaboration avec le Reich que l'arrogant et brutal Pucheu, l'enquête entreprise par Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre sur la chaîne de responsabilités dans l'établissement des listes d'otages a le mérite de revenir sur la puissance alors incontournable du PCF au début 1944.
Le procès bâclé de Pucheu est une concession faite par de Gaulle aux chefs du PCF, Fernand Grenier en tête.
Les deux auteurs de l'étude sur les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée - "Le sang des communistes" chez Fayard - soulignent que si Pucheu porte une incontestable responsabilité dans l'établissement des listes d'otages fusillés par la Wehrmacht, il n'a pas agi seul et a actionné une chaîne de responsabilités pour établir les listes. Pucheu, antisémite et anticommuniste militant avait exigé de remplacer les "bons Français" désignés pour le peloton par ces "dangereux communistes" qu'il pourchassait sans cesse. C'est cette décision qui est à l'origine de sa condamnation à mort par le Conseil National de la Résistance en 1943, alors que l'ancien ministre est encore réfugié - pour quelles raisons ? - chez Franco et qu'il attend le feu vert de Giraud pour venir renforcer les antigaullistes et les anticommunistes à Alger.
Un autre élément complexe qui appartient à l'histoire du "chaudron algérois" entre 1941 et 1944 !
Alors : à suivre...
Bien cordialement,
RC |