> Non seulement tout n'est pas faux, mais presque tout est
> juste.
Pas d'accord. Le coeur de la thèse (Jean Moulin fricotant avec les Américains) a été démonté depuis longtemps. Quant aux propos de Baynac sur le rôle de Hardy dans l'affaire de Caluire, ils sont un tissu d'omissions, d'affirmations invérifiables, d'erreurs et d'interprétations partiales.
> Jacques Baynac, que je connais bien, est un chercheur
> extraordinaire
Chercheur, possible. Historien ? Je suis plus sceptique. D'autres chercheurs et historiens ayant lu le livre de Baynac lui ont reproché pas mal de failles dans 1) le factuel énoncé, et 2) la méthodologie. Et ces critiques (entre autres de Cordier) sont franchement convaincantes.
Certes, Jacques Baynac laisse des notes de bas de pages. Je rappellerai à cet égard que la Commission Warren a pondu un rapport en 1964 qui comportait 7.000 notes de bas de pages.
> et c'est certainement lui qui connait le mieux le
> dossier Moulin.
Ce qui rend les dérives de Baynac encore plus inexcusables à mon sens.
> Il prépare d'ailleurs un nouveau livre qui à mon avis et
> pour en connaitre quelques passages, va décoiffer. C'est
> Moulin jour par jour 1940-1943. Certainement en deux
> tomes. Rendez-vous dans un an environ, je le
> présenterai, promis, sur LDG.
J'espère simplement qu'il se sera corrigé. Pour avoir lu l'entretien qu'il a accordé à "Histoire de Guerre" en 2003, j'ai été loin d'être convaincu par ses "nouvelles" preuves ("nouvelles" entre guillemets, car certaines étaient déjà évoquées dans son livre, et déjà discutées par ses critiques).
> On a peu parler des activités de renseignement de René
> Hardy, si ce n'est sur un ton ironique comme l'a fait,
> sans se donner la peine de vérifier quoi que ce soit,
> Noguères dans son "La vérité aura le dernier mot"
Ce livre est inégal. Il aurait peut-être fallu avertir immédiatement le lecteur que la première partie de l'ouvrage reprend le chapitre "Caluire" de sa monumentable "Histoire de la Résistance".
Mais la suite du livre est infiniment plus intéressante. On y voit un détail stupéfiant : Hardy confirme que l'un des témoignages produits au cours de ses procès, celui d'un officier appelé Bossé, qui lui donnait un alibi pour réfuter les accablantes déclarations d'Edmée Delettraz, était un parjure. Bossé avait ainsi agi pour "sauver un copain" (je cause de mémoire).
Noguères n'a certes pas produit son meilleur livre, mais lire ses analyses percutantes des contradictions de René Hardy est un régal.
> Ce qui est sûr, c'est que Hardy avait des relations avec
> le 2e bureau et ce dès 1939.
> Quant à ses relations avec les services américains,
> Hardy les mentionnent par trois fois, en 1944 lors de
> son premier interrogatoire puis au cours de ses deux
> procès. Curieusement, dans son autobiographie parue en
> 1984, il n'en parle pas.
C'est une triste habitude de René Hardy, de ne pas parler de tout. Dans sa première autobiographie parue en 1947, il niait avoir été arrêté au cours du voyage Lyon-Paris - alors que cette arrestation a bien eu lieu, et aura pour conséquence de le voir pris au piège par Barbie... |