Bonjour à tous,
>Pas d'accord. Le coeur de la thèse (Jean Moulin fricotant avec les Américains) a été démonté >depuis longtemps.
>Chercheur, possible. Historien ? Je suis plus sceptique. D'autres chercheurs et historiens >ayant lu le livre de Baynac lui ont reproché pas mal de failles dans 1) le factuel énoncé, et 2) >la méthodologie. Et ces critiques (entre autres de Cordier) sont franchement convaincantes.
Personnellement je n’adhère pas complètement à la thèse centrale de Jacques Baynac, je ne vois pas Moulin, pour diverses raisons déjà exposées, miser sur les Américains et encore moins sur Giraud en juin 1943. Pour moi, il est trop fin politique pour cela. En revanche, ce qui m’apparaît de plus en plus pour une évidence, c’est que Moulin n’était ni Gaulliste, ni communiste. Pour lui, il ne s’agissait que d’alliances d’opportunité, mais son action visait à faire prendre le pouvoir par la Résistance intérieure à la libération. Toutes les structures qu’il avait mis en place vont dans ce sens.
Non obstant, je suis désolé Nicolas, mais la thèse de Jacques Baynac, n’a pas du tout été démontée, en tout cas pas par des personnes très crédibles. Je n’ai rien contre Cordier, mais ses relations particulières avec Moulin place ses écrits avant tout dans l’affectif. De plus, il n’a pas apporté de preuve formelle que Jacques Baynac s’égarait. Les deux parties campent sur leur position en ce qui concerne la date du parachutage de Frederic Brown ; à ce jour personne n’a pu démêler cette affaire de manière propre. Quant à l’autre contradicteur de Baynac, Azéma, il a lui-même reconnu avoir condamné le livre avant de l’avoir lu !!
J’aimerai également, Nicolas, avoir une définition précise de l’historien… Car j’ai payé pour apprendre à me méfier comme de la peste de cette race d’individus. Les prétendus « historiens diplômés » qui, se retranchant derrière leur diplômes et leur sacré-sainte méthodologie, en profite pour sortir les pires âneries. Je préfère de loin un « amateur », honnête et faisant correctement le boulot de recherche que nécessite la connaissance de l’histoire. Jacques Baynac en fait partie et son travail est de très loin le meilleur sur la période.
>Quant aux propos de Baynac sur le rôle de Hardy dans l'affaire de Caluire, ils sont un tissu >d'omissions, d'affirmations invérifiables, d'erreurs et d'interprétations partiales.
Ce qui m’amuse beaucoup dans l’affaire de Caluire, c’est la facilité avec laquelle, on a fabriqué avec Hardy le coupable idéal puis jeté en pâture à l’opinion. Sauf que, à ce jour personne n’a démontré sa culpabilité. Les « professionnels » de l’histoire, Azéma en tête, sont d’ailleurs bien prudents sur ce chapitre.
Comme le dit René, les travaux historiques sur cette période sont complémentaires et dans une affaire aussi complexe, il ne faut rien négliger.
Le chapitre de Baynac sur Hardy apporte indéniablement des éléments très intéressants, peut-être un peu maladroitement exploités. Il prouve en tout cas, et là-dessus j’adhère totalement, que l’évasion du 21 juin 1943 est bien moins « bizarre » qu’on – et la première fut Lucie Aubrac dès le 22 juin – a bien voulu le laisser supposer.
Il en est de même pour Chauvy. Bien que son livre soit moyen, par manque de conclusion et parce qu’il ne se démarque pas assez du « testament » Barbie, certains passages sont excellents et font de ses écrits une pièce incontournable. Et ce n’est pas une condamnation de justice qui peut empêcher l’histoire de progresser…
Bonne journée à tous,
JRG |