Bonsoir,
Je dépose ce message ici, car si le sujet du documentaire qui motive cette intervention est Lucie Aubrac, il n'a rien à voir avec la polémique sur Raymond Aubrac et ses déclarations contradictoires qui s'est développée puis éteinte ailleurs. Ces critiques seraient les mêmes pour tout film ayant soumis un(e) ancien(ne) résistant(e) à un tel traitement.
Cet après-midi, l'émission "Les repères de l'Histoire" (France 5) avaient choisi, pour illustrer le thème "Les grandes figures de la Résistance, de diffuser un film de la Québécoise Julie Perron qui a "rencontré Lucie Aubrac dans un ascenseur parisien" (?) et a décidé d'en faire un portrait. Très bien, pourquoi pas; mais le problème c'est que ce "documentaire" (?) est un produit bancal dès les premières images : un traitement historiquement approximatif et rendu plus confus par l'insert d'images d'archives semblant être tombées là sans aucun souci de cohérence, des aller-retours entre le passé et le présent de Lucie Aubrac qui échappent à tout script rigoureux, une Lucie Aubrac qui nous est montrée comme une sorte de représentante, de commis-voyageuses de la mémoire de la Résistance dans les écoles de la République, un Raymond Aubrac dont c'est à peine si on nous dit qu'il fut un personnage important du mouvement Libération et de l'Armée secrète (une mention faite par Lucie au début et puis plus rien), Raymond Aubrac dont j'ai eu le sentiment qu'il faisait de la figuration durant tout le film en étant présent sans l'être mais dont on percevait parfois la présence hors-champ. Et surtout, l'absence de tout point de vue extérieur historien sérieux.
"Les repères de l'Histoire" programment en général des documentaires dignes d'une émission qui a su nous convaincre de l'apport que la télévision peut offrir à l'approche et à l'exposé des grands thèmes pour un public curieux et exigeant. Les "Grandes figures de la Résistance" par l'engagement, l'action, les mots, voire les contradictions des Aubrac méritaient un autre traitement.
Si cette réalisatrice a croisé Lucie Aubrac dans l'ascenseur d'un immeuble parisien, elle ne l'a pas vraiment rencontrée et le téléspectateur, lui, la cherche encore...
Bien cordialement,
René Claude |