Bonsoir,
J'ai lu le bouquin de Chauvy et en ai retiré l'impression générale d'un chercheur jusque là intègre qui, à partir de "trous" ou de "manques" en vint à suggérer - en infusant le doute - mais sans pouvoir en affirmer la réalité, faute d'éléments décisifs indiscutables, qu'il y aurait eu des accointances et un deal entre les Aubrac et Barbie. Je n'ai pas la prétention de refaire ou de redire ce que d'autres. mieux informés, ont déjà énoncé sur ce livre dont l'auteur fut condamné.
Il y a un sentiment de malaise, de gêne à la lecture de ce livre. Et cette gêne perdure après la lecture de "Aubrac, Lyon 1943". C'était peut-être là un des buts recherchés... Insinuer sans pouvoir démontrer, il en restera toujours quelque chose...
Car, même si Chauvy écrit à la fin de son enquête: "Aujourd'hui, aucune pièce d'archives ne permet de valider l'accusation de trahison proférée par Klaus Barbie à l'encontre de Raymond Aubrac, mais au terme de cette étude, on constate que des récits parfois fantaisistes ont été formulés." (p.267), on voit bien où l'auteur veut faire aller son lecteur.
Mais pour moi, les contradictions relevées par Chauvy n'impliquent nullement qu'il y ait eu un "contrat", un "arrangement"entre Raymond Aubrac et Barbie. Comme je l'ai déjà dit, il y les années et la mémoire qui a le droit de défaillir.
Chauvy doit finalement bien admettre qu'il n'a RIEN trouvé de nouveau et de décisif dans les archives et les témoignages ne peuvent pas être considérés comme fiables au point de devoir reviser toute l'affaire, il le sait lui aussi, car il a déjà travaillé sur la résistance à Lyon avant "Aubrac, Lyon 1943". Tout chercheur doit prendre un témoignage avec circonspection.
D'autre part, ce "testament de Barbie" sur lequel il s'appuie en partie n'est pas un document sérieux. Il a été rédigé par l'ancien chef de la Gestapo de Lyon à la demande de son avocat, Me Vergès pour tenter de semer la perturbation et le doute lors de la préparation du procès.
L'élément valable de son livre reste son travail de fond sur les rapports Knochen, Floreck et Kaltenbrunner.
Pour le reste...
Cordialement,
René Claude
PS : Votre intervention me pousse à reprendre certains passages du livre de Chauvy. |