Il en est de l'histoire de l'armée Française de 40 à 45 comme de ces vieux secrets de familles pour lesquels les enfants, les parents les cousins se déchirent dans des crises hystériques. La vérité a beau être là, être sue, impossible pourtant de la regarder. Les yeux se bouchent, les oreilles se ferment, les cerveaux se murent.
J'aurais donc beau essayer de m'expliquer mille fois, simplement parce que je parle de la France Libre, on mettra dans ma bouche des paroles qui ne lui appartiennent pas. On m'insultera sans vergogne, on insultera mes parents, on me prêtera des jugements de valeur tout en parlant à la place des "résistants honnêtes" (les résistants malhonnêtes étant ceux qui ne disent pas ce que l'on attend d'eux).
Pourtant, Dieu merci, il est quelques esprits lucides qui savent m'entendre et que j'ai plaisir à écouter. Des fils des anciens du 12e Nazi, des filles d'ancien Spahis du 4e algérien, des admirateurs du RBFM ... Nous suivons souvent le même chemin, à la recherche de l'histoire de nos pères, de nos grand pères, d'un oncle mort si jeune avant d'avoir eu sa propre descendance.
Ces histoires sont différentes, elles parlent parfois d'hommes qui se sont retrouvés face à face avant d'être cote à cote. Chacun avait ses idées, son caractères, ses inclinaisons qui l'ont poussé ici ou là sur les chemins de l'histoire, en fonction des circonstance ou malgré elles.
Certaine de ces histoires me paraissent banales, affligeantes, ou admirables et exemplaires. C'est ma libre opinion ce n'est pas un "jugement" qui propulserai les uns dans les flammes de l'enfer et les autres au Panthéon. Chacun de vous peut avoir une opinion différente de la mienne, elle se justifie probablement. L'époque dont nous parlons pose un cas de conscience unique en son genre qui ne saurait trouver une réponse absolue. Les français auxquels les circonstances donnaient la possibilité de choisir, ont parfois eu devant eux un chois cornélien : obéir à un pouvoir qui ne leur plaisait pas et faisaient le jeu de l'ennemi ou déroger à une règle ô combien utile : l'obéissance absolu du militaire. Ceux qui ont choisi de désobéir dans ces circonstances ont toute ma sympathie mais ceux qui ont choisi le respect de la règle ont toute ma compréhension. Mais l'Histoire a été peu généreuse avec ces derniers, leur donnant souvent le mauvais rôle et de mauvais avocats.
Certains vont probablement se reconnaître dans ce qui va suivre. Ils auront raison, c'est bien d'eux dont je parle, mais celui qui croira être le seul sur la photo se trompe. Il n'est pas seul, il est même entouré par une foule. La foule de ceux qui pensent nécessaire de cracher sur le FFL pour redorer le blason du soldat de Weygand. La foule de ceux qui voudraient le beurre de l'obéissance et l'argent du beurre qui est dû au résistant frondeur. La foule de ceux qui interdisent toute opinion concernant les années 41/42 et nous bassinent avec leurs jugement péremptoires sur Mers el Kebir, Dakar, la Syrie, la "querelle des Généraux" ... La foule de ceux qui s'énervent dès qu'on leur montre les grosses ficelles qui entourent leur déguisement des faits. La foule des nez qui s'allongent La foule des aveugles et sourds qui ne veulent surtout pas retirer la main qu'ils ont devant les yeux et le persil qui est dans leurs oreilles. La foule de ceux qui, au fond d'eux même, jugent si mal les soldats de Pétain qu'ils croient que tout le monde les prends pour des salauds. La foule des récupérateurs de Leclerc qui voudraient l'opposer à de Gaulle. La foule de ceux "qui ne font pas de politique" comme Giraud. La foule de ceux qui croient qu'une page Internet est gravée dans le marbre. La foule de ceux qui préfèrent écrire un livre (comme ça on ne peut pas corriger) La foule de ceux qui font passer leur susceptibilité avant l'Histoire. La foule de ceux qui ne voient pas l'utilité des combats fratricides et n'hésiteraient pas à m'étrangler. La foule de ceux qui préfèrent discuter entre eux et éliminer ceux qui pourraient les contredire.
Cette foule fait bien du tort au brave soldat de l'Armée d'Afrique. Il a obéi parce que c'était son devoir. Il a tiré sur les drapeaux blancs parce qu'il en avait reçu l'ordre. Il est resté là parce qu'il n'a pas trouvé comment partir. Il a crié vive Pétain parce qu'il n'a jamais pensé que Pétain était un traître. Il s'est senti humilié par ceux qui avaient choisi la désobéissance et recueillaient les lauriers. Il s'est senti rassuré parce qu'il était la grande majorité. Il s'est senti fier d'avoir été l'artisan de la victoire finale. Il s'est senti bien supérieur au résistant de la 25e heure, tondeur de femme et fomenteur de désordre. Il s'est senti "Français Libre" puisque les populations libérées l'ont pris pour un "Free French". Il n'a pas vu la différence" puisque finalement il livrait le même combat qu'eux, dans la même armée de Lattre ou dans la même 2e DB.
Je n'ai finalement aucun espoir de voir changer d'attitude ceux qui se prennent pour ses défenseurs. Ils ne font que l'accabler par leur tentatives de nivellement par le bas et un jour prochain on l'oubliera. Mais ils entraîneront dans cette déroute finale les Français Libres qui me sont chers. Il ne restera donc que le Waffen SS pour faire frémir le coeur des jeunes hommes avides d'aventures. Beau résultat.
Amicalement
Jacques |