Bonjour,
L'influence réelle du discours officiellement anticolonisateur de l'administration Roosevelt durant la Seconde guerre mondiale sur les élites nationalistes des pays d'Afrique du Nord intégré à la France comme Algérie ou sous protectorat comme le Maroc et la Tunisie (vérifier son statut ?) est un sujet passionnant. Je pense que là sont certains prémices des luttes pour l'autonomie puis pour l'indépendance des années 50 et début 60 dans les pays d'Afrique du Nord.
Et je me demande dans quelle mesure, le Charles de Gaulle de 1943-1944 n'a pas été entraîné, lui aussi, par la pensée émancipatrice rooseveltienne à l'encontre des peuples colonisés. Ce désir d'autonomie - le mot "indépendance" n'était semble-t-il pas encore officiellement à l'ordre du jour - exprimé par des cadres autochtones ne pouvait pas échapper au Connétable dont le "sens de l'Histoire" - je mets des guillemets, conscient du côté pompeux de cette expression ! - fut l'un des principaux atouts politiques, surtout lorsqu'il était en état de grande faiblesse militaire et politique. A Brazzaville, de Gaulle ne parle pas d'indépendance, mais bien de liens nouveaux qui résulteront inévitablement de cette guerre mondiale à l'intérieur de ce qui sera l'Union française. C'est sa projection politique pour l'après-guerre.
Avec nos complices de Livres de Guerre, nous sommes passionnés par l'histoire de la Seconde guerre mondiale en Afrique du Nord en général et à Alger en particulier, nœud politico-militaire où se joue, entre autres, l'avenir des peuples africains.
Et il nous arrive d'être parfois heurtés par la contradiction entre la grande générosité du discours de Roosevelt et de ses collaborateurs sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes à l'issue de la guerre et l'opportunisme pragmatique d'un Murphy et d'un Clarke qui n'hésitent pas à miser sur les plus compromis et les plus antidémocartiques des militaires français pour parvenir à tenir Alger et l'Afrique du Nord...
Cordialement,
RC |