Il apparaît évident qu'il y a des mélanges, des décalage dans le temps et des exagérations dans les versions algériennes, mais je crois que la seule réponse crédible qui puisse leur être apportée ne viendra pas de "l'autre bord", trop meurtrit lui même par ses souffrances et ses responsabilités.
D'autre part, l'histoire nous montre que les morts par massacre peuvent être beaucoup plus nombreux que lors d'opérations purement militaires. Le soldat de Verdun s'abrite et se défend. Le Tutsi du Rwanda s'abandonne, désespéré. La machette y a suffit pour faire environ un millions de morts en quelques jours.
Vous dites que *** le gouvernement Français de l'époque n'a pas jugé bon de faire une enquête approfondie ***. D'ou tenez vous cette certitude. Ca ne me semble pas correspondre à ce que j'ai lu dans cette page dont je rappelle l'adresse :
*** Le commissaire principal Bergé, chef de la police judiciaire en Algérie, arrivé depuis peu à Guelma, petite sous-préfecture du Nord constantinois où le gouverneur général l’avait envoyé enquêter, interrogea le jeune arabe qui le regardait. "Quatorze arabes enterrés ici, m’a-t-il dit, seize sont enterrés devant la mairie de Petit et d’autres, une trentaine paraît-il, dans le ravin près de la ferme Cheymol, sur la même route. "Mais le commissaire ne poussa pas plus avant. Dès son arrivée à Guelma, le 12 juin 1945, le sous-préfet intérimaire, M. Tem, l’avais mis en garde contre un excès de curiosité. Il pourrait être, tout comme ses inspecteurs, victimes d’"un incident […], abattus par erreur". Car la milice civile, lui avait exposé posément le sous-préfet, usait encore du mot de passe. Et le mot de passe changeait chaque jour. Le jeune lieutenant était plus téméraire. Etait-ce son âge, et le sauf-conduit personnel du gouverneur général qu’il portait sur lui ? Il dénombra 18 morts près de la ferme Cheymol, sur la liste que lui avait remise le gérant de la ferme H…, propriété d’un riche musulman. Les victimes étaient de très jeunes enfants, des jeunes femmes, une grand-mère. Parmi les assassins, tous miliciens européens, il y avait un fermier voisin. Le gérant avait lui-même perdu son épouse Messaouda, 38 ans, son fils Saïd, 13 ans, sa fille Hafsia, 16 ans, son neveu Brahim, 5 ans, sa nièce Aïcha, 5 ans, son frère Mohammed, 33 ans, tous exécutés par les tueurs de la milice civile au fusil-mitrailleur, au revolver et au fusil, ainsi que le confirme l’expertise du lieutenant. ***
Ce que je lis là me renvoie immédiatement à autre chose que j'ai découvert il y a peu et sur laquelle ont buté les recherches de mes origines (ce qui est un moindre mal, j'en conviens)
Mais là, tous les morts sont comptés. Dans l'Algérie de 1945, existait-il un "état civil" concernant les musulmans ?
Amicalement
Jacques