Bonsoir,
Quelques citations extraites du livre de Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, Vichy : 1940-1944, qui illustrent la complicité de Vichy dans le génocide des Juifs.
- Au chapitre " Un antisémitisme d'Etat lourd de menaces" p. 159 Sans doute, pour les auteurs de la législation vichyssoise, exclusion et ségrégation n'étaient-elles pas l'antichambre de l'extermination. Mais l'engrenage de la collaboration d'Etat et la prégnance de l'ethnocentrisme allaient faire des autorités vichyssoises des complices avérés de la déportation des juifs de France.
- Au chapitre " La persécution des Juifs" p. 271 Menant une politique antisémite propre, Vichy, pour sauver les ressortissants français, sacrifie froidement étrangers et apatrides. Mais après l'invasion de la zone Sud, cette distinction odieuse n'a guère de sens. Placés au ban de la société, dépossédés de leurs biens, privés des libertés fondamentales, les juifs seront alors traqués par la police française et livrés, par Vichy, à leurs bourreaux nazis.
- Au chapitre " La traque des juifs" p. 273 La traque des juifs constitue donc un lieu privilégié de la collaboration franco-allemande. Sans le concours de la police et de la gendarmerie française - qui assument seules la quasi-totalité des arrestations, voire la garde des camps - le Reich n'aurait pu conduire comme il l'a fait sa politique antisémite. Malgré tout, les trois quarts de la communauté juive échappent aux rets tendus par le Reich et Vichy. Sur 330.000 juifs français, sans doute un tiers, il est vrai, avait prudemment refusé de se faire recenser, compliquant ultérieurement la tâche des service de police. Mais l'attitude de la population française explique surtout que tant de vies aient pu être sauvées. Choquée par les rafles, comprenant que les familles "tombées entre les mains des Allemands étaient vouées à la mort", elle s'efforça par une "solidarité agissante" d'aider ceux que la mort guettait. On ne confondra pas, dès lors, le rôle coupable joué par le régime vichyste et l'attitude, somme toute digne, d'une population prête, à compter à partir de l'été 1942, à limiter les effets dévastateurs de la traque antisémite.
(en gras par mes soins - entre guillemets, citations de Serge Klarsfeld)
Bien cordialement,
Francis. |