Bonjour,

François ne m'en voudra pas de reproduire ce qu'il écrivait sur le blog de Pierre Assouline:

Difficile quand on est installe comfortablement devant son ordi en 2008, une tasse de cafe a cote de soi de decider ce qui etait le plus reprehensible en 1917, refuser de se battre ou foncer hors de la tranchee sous le tir des canons. Il y a des situations qui se vivent a chaud et ne s’expliquent plus a froid. Cela veut il dire que les poilus qui foncaient, couverts de boue et de poux etaient des anes ?
On se plie nous aussi a une infinite de contraintes etablies “pour le bien de tous” payer nos impots, rouler doucement, se comporter civilement, envoyer de l’argent pour les telethons etc.
La guerre est toujours justifiee par un interet commun, celui des “bons” contre les ‘mechants”. Inutile de farfouiller sa memoire pour trouver des exemples.

Bien entendu ! Mais 90 ans plus tard, avec le recul, ne pourrions-nous pas porter un regard différent sur des offensives meurtrières aussi vaines qu'inutiles ?
Dans son livre, La Grande Guerre, Folio Histoire, 1990, Marc Ferro note que, pour la plupart des généraux, l'origine des mutineries "paraît provenir d'organisations occultes fonctionnant à l'arrière et dont les décisions sont transmises aux permissionnaires". Par "organisations occultes", il faut entendre les instits de gauche, les pacifistes, les anarchistes, etc...
Or, Ferro, se basant sur une étude de Pedroncini, remarque que ce ne sont pas les régiments les plus infiltrés par la propagande des mouvements pacifistes qui se sont mutinés mais bien les régiments les plus exposés.

*** C'est l'offensive, tantôt par son échec dans des conditions d'impréparation certaine, tantôt par la crainte qu'elle soit encore inutile, qui a déterminé les zones des actes collectifs ou limités de désobéissance." (Pedroncini) ***

Dans sa lettre ouverte, Jean-Jacques Becker écrit : Le terme de “réhabilitation” me semble aussi poser problème au plan juridique. Pour ceux en particulier qui, avant leurs actes d’indiscipline (dont certains on pu être d’une gravité extrême) ,...
J'aurai la même réaction que certains intervenants sur le blog d'Assouline : comment juger les offensives inutiles, décidées par les généraux, qui furent d'une gravité extrême en termes de morts et blessés.

Terminons par le témoignage de Jeanneney:

*** Nous avons refusé de marcher non pour amener une révolution qui serait inévitable si nous continuions le mouvement. Au contraire nous avons manifesté pour attirer l'attention du gouvernement, lui faire comprendre que nous étions des hommes, non des bêtes que l'on mène à l'abattoir.***

Ou encore:

*** Ce qu'on refuse c'est de servir de chair à canon pour aider à l'avancement de "ces messieurs galonnés".***

Bien cordialement,
Francis.