Avec une assurance digne d'une meilleure cause, Francis et GP m'assènent par surprise depuis deux jours, en se relayant comme des cyclistes décidés à fatiguer un adversaire dans un grand col du tour de France, des vérités point inintéressantes mais mal rattachées à l'objet de la discussion.
Ca y recause, sa rekozy et il se pasqua ?
Kozy fan tutte ( trad : tous sont fans de tous... sauf de moi !)
L'historien digne de ce nom, quand en 1992 il apprend qu'Eltsine a craché le morceau pour emmerder Gorbatchev, frétille d'aise une longue minute puis se retrousse les manches. Ah bon, l'ordre de Katyn est du 5 mars ? Avec quelques attendus sur sa justification, notamment une lettre de Béria disant que "Chacun d'entre eux n'attend que sa libération pour entrer activement en lutte contre le pouvoir soviétique" !
Faire le boulot (ce que n'a entrepris à ce jour, à ma connaissance, aucun des auteurs du Livre noir, pour ne citer qu'eux) c'est scruter à la loupe le contexte du 5 mars. Quelle mouche pique Béria de s'inquiéter des conséquences d'une libération de ces officiers hermétiquement gardés depuis une demi-année ?
Je ne vois toujours qu'une chose, qu'un déterminant majeur de la situation internationale : la guerre de Finlande. Une agression soviétique des plus brutales le 30 novembre au terme de quelques semaines de négociations qui avaient profondément divisé les élites du petit pays, un gouvernement Kuusinen mis en place sur le territoire soviétique d'un air de dire que maintenant on ne vise plus une rectification de frontières mais une occupation totale... et une accumulation de défaites pendant un mois, qui permet à l'opinion mondiale de se mobiliser pour David contre Goliath. Ce qui nous amène fin décembre. En janvier-février, une gigantesque campagne de presse en France, Angleterre, Etats-Unis et même Italie, tandis que l'Allemagne apparaît gênée de ne rien dire, et des préparatifs de toutes sortes, avec non seulement des brigades internationales mais, faisant fi du secret militaire, des bruits d'entrée en guerre de la France et de l'Angleterre contre l'URSS avec menaces précises sur la Scandinavie et le Caucase.
Réaction de Staline : il met le paquet militairement, accule les Finlandais à la défensive vers la mi-février, désormais ils se défendent uniquement dans l'éventualité d'un secours extérieur puis, celui-ci tardant à se concrétiser, rendez-vous est pris le 5 mars pour l'envoi de négociateurs à Moscou le 12. Conditions staliniennes aggravées par rapport aux négociations de l'automne, mais encore relativement modérées : signature plus que probable.
Et c'est ce qui lui met de toute évidence le trouillomètre à zéro ! Il a réussi à réunir contre lui une unanimité mondiale -Roosevelt en particulier, si discret devant les exactions allemandes, fulmine en faveur de la Finlande-, même l'opinion allemande est visiblement montée, il ne reste de neutres que les dirigeants nazis, because clauses secrètes du pacte qui placent la Finlande dans la zone d'influence soviétique.
Il semble bien qu'ici la propagande communiste s'intoxique elle-même : guerre sur front de l'ouest pas sérieuse, au fond tous ne rêvent, Allemands, Français et Anglais, que de dépecer la patrie du socialisme, patrie en danger, mesures extrêmes à l'ordre du jour, le pacte signé pour gagner du temps a épuisé ses vertus hélas en six mois...
Dans le présent fil, pour l'instant, qu'oppose-t-on à cela, si j'ai bien compris ? La lenteur des trains, qui fait qu'un pareil massacre, pour être tenu secret, demanderait précisément six mois !!
Eh bien je répète que mon hypothèse n'est qu'une hypothèse mais j'ajoute une certitude : la lenteur des trains ne joue pas un rôle immense à Katyn, précisément, lieu du charnier le plus à l'ouest, zone exposée à une invasion rapide en cas de conversion de la drôle de guerre en croisade générale antisoviétique.
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