Le livre de Baynac que nous avons lu et relu, est extrêmement documenté. Ces probablement celui qui permet de posséder le plus de références à des dossiers et archives de cette période cruciale de 1940 à 43.
La citroen noir de la gestapo s’est pointée impasse Verchère à Caluire là où le Dr Dugoujon avait précédemment son cabinet. Une dame les a renseignés de même qu’un passant (le gardien de la paix Curvat). C’est donc que Barbie sachant que la réunion était chez le Dr Dugoujon, n’en connaissait pas l’adresse et avait consulté l’annuaire des téléphones ( le bon vieux Botin qui n’avait sûrement pas été mise à jour depuis la guerre.) C’est d’ailleurs pour cela qu’il est arrivé en retard.
Les gestapistes ne pouvaient pas d’une part avoir du retard et le l’autre, en même temps observé tout le manège des Résistants depuis la mairie.
C’est d’ailleurs pour cette raison que jean Moulin lui-même qui lui aussi était toujours en retard, sage précaution, s’est fait prendre.
Barbie était un homme cruel mais intelligent. Lorsqu’il a attrapé Hardy pour la première fois, il a tout de suite perçu qu’il pouvait mettre la main sur Jean Moulin. Ce n’est pas la première fois qu’il relâchait sa proie sans brutalité comme c’est attesté pour d’autres cas à plusieurs reprises dans le livre. Ici il y avait une femme et il pouvait remettre la main sur lui quand il voulait.
Qu’est-ce qu’a livré Hardy ? Le plan de Résistance-Fer. Qu’est-ce que le plan Résistance-Fer ? Quelques-uns de nos lecteurs de « Livre de guerre » l’ont-t-ils vu et parcouru ? Ce fut, semble-t-il, un leurre.
Alors que les Allemands croyaient que les Alliés allaient débarquer à partir de 1943 dans le midi de la France, il s’agissait pour la Résistance d’obérer voir d’annuler tout trafic ferroviaire entre le sud et le nord de notre pays. Les gares de triages de toute la zone centrale de la France : St Pierre de Corps (Tours), les Aubrays (Orléans), Culmont-Chalundrey (Langres) unissant le réseau est et Sud-est, le « dépôt des machines » de Laroche-Migennes (Auxerre), la gare de triage de Lyon etc, tous ces importants liens ferroviaires nord-sud d’ailleurs ont été pour la plus part bombardés par l’aviation alliée.
Et puis les cheminots ont fait le reste en éparpillant sur tout le territoire tout ce qui pouvait sauter ; plus de 1000 machines à vapeur, plus de 100 locomotives électriques (le réseau sud-ouest et la ligne Paris-Le Mans étaient électrifiés). C’est ce qui se passa en juin 1944 lorsque les troupes allemandes essayèrent de remonter du sud-ouest y compris la division « Das Reich »
Ainsi le plan de Résistance-Fer remis à Barbie était un canevas sans conséquence que les derniers des Allemands, Français et des Alliés connaissaient par chœur.
Hardy n’a pas trahi en ce qui concerne le plan de Résistance-Fer parce qu’il a vendu du vent et Barbie a fait semblant de s’intéresser mais ce qui l’intéressait plus c’était Max.
Bénouville bien sûr était au courant de la mésaventure de Hardy mais il tenait à ce que Hardy assiste à la séance de Caluire. Et bien sûr, Hardy ne voulait pas y aller. J’ai rencontré pendant 2 heures environ Bénouville en 1952. Je l’ai tout de suite évalué : Général impétueux dans un coup de sifflet bref et pas toujours raisonné, ne revenant jamais sur sa décision.
Pourquoi n’y est-il pas allé, lui en s’invitant à la réunion de Caluire comme adjoint de Frenay.
Un autre absent arrivé de Londres depuis quelques jours, Bouchinet-Serreules qui devait être l’adjoint de Moulin et dont c’était aussi le rôle d’assister à la séance de Caluire. Il a dit qu’il s’était perdu dans Lyon…..
Bien sûr dans son rapport vers Kaltenbrunner et ses échanges avec le chef de la gestapo Steingritt de Marseille ( Rapport Flora de celui ci à ses sbires) Barbie faisait du chiffre.
Bon ! D'accord! c'est une explication qui met un certain nombre en harmonie avec les faits dont Lucie Aubrac mais elle en vaut bien d'autres. |