Bonjour,
je reviens sur 2/3 choses:
Laurent nous dit:
"La France, les « Indigènes » l'avaient traversée ! Les Français les avaient bien vus (de même que les alliés). N'était-ce pas trop tard pour mystifier l'opinion (et l'Histoire) ?"
Certes... il me semble toutefois qu'il n'était pas trop tard, non, pour mystifier l'opinion puisque 62 ans plus tard, le grand public et les livres d'histoires de lycée "redécouvrent à peine" le rôle de ces Indigènes. Le "plan" a donc bien fonctionné.
Laurent nous dit aussi:
"Je ne nie pas cependant que cela a permis également d'occuper les turbulents FFI"
Oui, sans aucun doute !
Voici ce qu'en dit de Monsabert a la page 29 aout-Marseille, grand défilé de la Libération de la ville.
"Une journée écrasante de gloire! Il n'y a pas de mots pour dépendre cet enthousiasme, cette chaleur, cette popularité.(...) et sur le quai des Belges, tous mes drapeaux !(...) de Lattre m'embrasse et c'est un tonnerre d'applaudissements qui roulera comme une tempête jusqu'à la Marseillaise.(...)Et puis le défilé. La fierté de mes hommes, leur allure légère, une impression de discipline et de force qui contraste avec les volontaires. Le défilé des FFI, pas si mal, après tout. Un essai de discipline dans la pagaïe. Tour cela est très sympathique.(...)
Le bel enthousiasme ce sé dégrade lors de l'avancée dans le territoire métropolitain... 2 septembre, St Etienne.
L'arrivée à St Etienne est assez morose: l'enthousiasme ne s'adresse qu'aux FFI: erreur !
4 septembre: Lyon
Je vais prier à Notre Dame de Fourvière et rends visite à Mgr Gerlier, qui m'embrasse et me présente l'évêque de Metz et ses collaborateurs. Déjeuner à la Préfecture avec le Commissaire du gouvernement, le maire, le préfet. Ils ont tous peur de jouer les apprentis sorciers, même les ex-résistants. Le problème du désarmement (des maquisards) les inquiète et le problème communiste aussi. Allons, c'est bien toujours la IIIe République !
"Voilà l'Armée nouvelle, l'armée qui aura des régiments à base politique, l'armée qui permet de ne plus parler de l'Autre et de faire le lit des vieilles passions politiques, des vieilles haines de clochers, de tout ce qui a fait notre faiblesse et nous a conduits au désastre! Que périsse la France pourvu que "leur" République vive ! Oh, mon Dieu, vous ne permettrez pas cela! Vous êtes le Dieu de la vérité!
De Lattre me dit son dégout d'une telle manoeuvre politique. Nous constatons tous les deux que la consigne est donnée aux journaux de ne parler que de l'armée nouvelle FFI et des Alliés, rien, ou si peu de l'armée française.
Il me dit ne pas avoir eu un mot de de Gaulle depuis son départ en Italie et de fait, de Gaulle n'a fait aucun geste pour son armée, cette armée qu'il a enlevée à Giraud et qu'il a flattée pour s'en attirer la sympathie. Il n'est venu ni à Toulon, ni à Marseille, ni a Lyon. L'armée est trop près... Il attend que le souvenir en soir pâssé, pour ne plus parler que Politique. Hostilité? De Lattre dit qu'il ne voit pas que lui-même y passera: après avoir chassé les généraux, on chassera "le général" et ces politiciens qu'il croyait pourvoir maneouvrer le possèderont un jour, à la faveur de toutes ces capitulations. Je pense à Giraud qu'il a sacrifié- avec plaisir peut-être! N'avais-je pas prévu qu'il suivrait le même sort ? Ah, ma France, ma belle France, ma doulce France !
C'est une crise et Dieu la résoudra.
10 septembre
"Visite de Catroux, venu enquéter sur le différend de Lattre- Larminat. Je lui parle longuement du problème FFI. Je lui montre le danger des formations purement politiques dont on voudrait faire l'Armée nouvelle. Il est convaincu. Je l'engage à en parler à de Gaulle. Il faut faire acte d'autorité. Mais de Gaulle n'est-il pas lui-même prisonnier? Arrivera-t-il à se défaire des chaines que l'on fait peser chaque jour plus lourdement sur ses épaules? "Il faut que je manoeuvre... la partie est difficile..." nous disait-il en Italie. Ne l'a-t-il pas perdue, et ne sera-t-il pas emporté par tous les politiciens - que je crois si loin de lui?
En attendant, ils continuent leur sale besogne. La France est livrée à la Révolution des extrémistes (exemple de Toulouse et de Montpellier, du Lot et du Lot et garonne) et quelle réaction contre cela ?"
A suivre ....(si cela vous intéresse).
Frédérique |