Cet article de Maurice Vaïsse est utile mais il n'aborde pas directement la question du "blanchiment" de l'armée amalgamée.
Je relève ce passage :
Lors de la séance du 13 septembre 1944 du Comité de Défense nationale, "le général de Gaulle expose la situation des FFI en 1944 qui est similaire à celle des bataillons de 1791 et 1792 vis-à-vis de l’armée de ligne, et c’est le même problème de fusion qui s’est posé à l’époque. La solution adoptée par Carnot fut d’amalgamer un bataillon de ligne et deux bataillons de volontaires en une même unité. On pourrait s’inspirer de cette solution et constituer les FFI en bataillons. Le bataillon est en effet l’élément de base qui permet le plus facilement son assimilation par l’administration militaire, l’intendance, etc. ; une fois formés, ces bataillons pourraient être groupés soit incorporés à des divisions existantes, soit constitués en divisions nouvelles". Mais cet amalgame, que de Gaulle envisageait seulement comme une possibilité en septembre 1944, s’annonçait très difficile à réaliser. De profondes défiances réciproques opposaient FFI et troupes débarquées. Beaucoup de FFI s’imaginaient, parce qu’ils étaient des volontaires nés de l’esprit de la Résistance, qu’ils étaient le noyau de la future armée française. L’instruction provisoire sur l’organisation générale des FFI dit clairement : " Les FFI doivent donner naissance à l’armée française ".Ils ne voulaient donc pas se laisser dissoudre dans une armée venue de l’extérieur qu’ils assimilaient volontiers soit à l’armée défaite de 1940, soit aux " naphtalinards " de l’armée de Vichy, soit à une armée coloniale. De plus, les unités FFI avaient de forts particularismes, leurs membres étant liés par leurs attaches locales, politiques, personnelles, et leurs souvenirs communs. Elles fonctionnaient comme de grandes familles dont les membres n’accepteraient pas de rejoindre individuellement des unités régulières. De leur côté, les officiers de carrière étaient choqués qu’on ignore les souffrances qu’ils avaient endurées en Tunisie ou en Italie. Ils se moquaient de l’inexpérience des cadres FFI et étaient scandalisés par l’absence de discipline, par certains débordements et par les relents d’antimilitarisme qui en émanaient. De plus, le général de Gaulle craignait que les communistes ne conservent des troupes d’esprit révolutionnaire en préservant l’homogénéité des FFI.
Le rappel des soldats de l'an II, si chers à André Malraux car représentants de la seule République dans l'Europe des monarchies absolues de la fin du XVIIIe siècle est juste, mais le renvoi des soldats africains sub-sahariens est en contradiction avec cet esprit, non, et aussi avec l'esprit initial des Français libres... ?
On peut aussi se poser la question des pressions américaines : l'armée US pratiquait l'apartheid durant la WW2. Ses chefs ont-ils employé un chantage pour équiper les divisions de la nouvelle armée française ? "Vous aurez votre équipement mais vous devez renvoyer les soldats noirs en Afrique; nous avons eu trop de problèmes (réels ou amplifiés ?) en Grande-Bretagne avec nos unités noires." Enfin, quelque chose dans le genre.
RC |