Gérard Boulanger a retrouvé dans les Mémoires et autres témoignages écrits de grands contemporains de Pétain durant la Grande guerre des appréciations qui présente sans mythe ni légende la réalité du commandement de Pétain à Verdun.
Tout d'abord, il rappelle que Pétain fut dessaisi de la conduite directe des opérations en juin 1916 déjà. Deux événements sont donc postérieurs à son commandement : la prise du fort de Vaux, le 22 octobre (1916) et celle du fort de Douaumont, le 2 novembre. Boulanger cite Joffre : Si l''Histoire me reconnaît le droit de juger les généraux qui furent sous mes ordres, je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle, heureusement secondé par Mangin. Puis il cite Joffre disant de Pétain : cet homme que, pendant quatre ans, nous avons été obligés de mener à la victoire à grands coups d'éperons... et Clémenceau, plus direct encore :Nous avons poussé Pétain à la victoire à coups de pied dans le cul.
Néanmoins, Boulanger reconnaît que l'admiration puis la vénération des poilus pour le futur chef de l'Etat français de collaboration proviennent du réel souci de Pétain de leur moral. Et de mentionner la rotation des troupes, les permissions effectives, la qualité des vivres, etc. J'ajoute que Nivelle et Mangin plus encore étaient surnommés les massacreurs par les poilus. Je trouve important de le rappeler, car ce sont les poilus qui ont tenu dans l'enfer de Verdun.
Plusieurs auteurs ont noté le "pessimisme" et la tendance au défaitisme du caractère de Philippe Pétain. Ainsi en mars 1918, estimant la guerre perdue, Pétain voulait engager des pourparlers de paix avec l'Allemagne, ce qui incita le général Haig à accepter le commandement unique, quitte à s'effacer devant Foch, pour contrecarrer les désastreuses manœuvres de Pétain. (p.58)
A la lumière de ces remarques, on comprend mieux l'attitude et la tactique du sauveur-bis de la patrie en 1940...
Bien cordialement,
RC |