Toujours pour continuer cette intéressante conversation avec Ralph…
1 / Archives non encore accessibles.
Notion toute théorique. Par exemple :
-Les pièces des archives du SHAT sont souvent éparpillées avec des copies dans différents cartons dont certains ne sont pas interdits. Seul inconvénient, les copies sont souvent sur du papier « pelure » comme on faisait autrefois et pour ne pas les abîmer, il est interdit de les photocopier. Mais ici encore…
-Aux archives, le préposé aux contrôles qui donne son feu vert pour que vous soit délivré le carton que vous demandez, peut se tromper…
-Ce que vous n’avez pas pu voir aux archives, certains ont pu le voir à « la légion » et ensuite de bouche à oreilles….
Un général ou un colonel, surtout ancien de la légion peut voir ses entrées...
-Enfin certains acteurs ont écrit leur livre. En analysant et comparant les uns et les autres, il est possible d’expurger ce qui ne semble pas exact et mettre à jour des éléments qui sont actuellement aux archives non communicables.
-Les procédés d’auteurs, historiens ou pas,ne sont pas toujours avouables.
À notre époque de super-communication, les soi-disant secrets sont souvent des secrets de polichinelle.
Comment croyez-vous qu’ont été écrits certains livres comme par exemple « Dossiers secrets de l’Indochine » de Claude Paillat 1964 (Presse de la Cité).
Par exemple, le rapport du capitaine Jean-Pierre adjoint du BEP, un des 3 officiers rescapés en octobre 50, ne peut être communiqué mais tout le monde sait en gros ce qu’il y a dedans.
D’ailleurs ce document dit secret, n’apprend pas grand chose aux initiés. Que croyez-vous qu’il y a sur ces documents : tout simplement que les chefs au-dessus à chaque échelon de la hiérarchie étaient des incapables ou bien encore que les exécutants au-dessous n’ont pas fait ce que leur supérieur leur a dit.
Chacun se défend comme il peut en assommant celui du dessus ou celui du dessous. Pas de mystère. Il n’y a pas à attendre des révélations extraordinaires de ces archives soi-disant secrètes qui souvent fournissent des éléments erronés. (Voyez le rapport de Constant sur l’accusation de retard pris par Charton avec ses véhicules ).
2 / Le style de commandement.
La vie du militaire au combat n’est pas que l’application simple des ordres reçus qu’ils soient écrits ou oraux. Par exemple les paras de Bigeard qui admiraient leur patron l’aurait suivi au bout du monde. Quant un patron n’est pas aimé, c’est un autre problème.
En ce qui concerne Constans voici 2 témoignages :
1 / Extrait du livre du médecin-capitaine Distinguin « Une autre Indochine » 1992 « la Pensée universelle »
"L'homme qui commandait la zone frontière était un colonel qu'on ne voyait pour ainsi dire jamais... Il vivait dans la villa du gouverneur, au milieu d'un luxe dont les fastes n'étaient pas toujours bien vus. Sa maison civile comportait un nombreux personnel... sans compter les chauffeurs que nécessitait un parc à voiture bien garni où l'on pouvait admirer notamment une Ford Vedette ainsi qu'une Mercedes décapotable... La seule sortie officielle régulière avait lieu le dimanche à 11 h 30 pour se rendre à la messe... Sa haute stature et sa forte carrure émergeaient de la foule des assistants dont il se distinguait par une tenue blanche toujours impeccable qui rehaussait encore son aspect hautain et distant. Nulle vivacité dans son regard, aucune énergie dans son visage trop joufflu pour un militaire en opération, seulement une impression de calme, que certains d'ailleurs qualifiaient d'insouciance et même de torpeur... il était détesté... mais chose plus grave, il ne donnait pas l'impression de commander, et cela nous le constations nous-mêmes tous les jours".
2 / extrait d’une lettre qui m’a été adressée par le médecin-capitaine Prudhon.
Il appartenait à une unité de tirailleurs rameutée de l’opération de Thai Ngyuen en urgence pour se porter à la rencontre de la colonne Constant sur la RC 1 qui évacuait Langson le 18 octobre :