Je ne connais pas l'Etat des services officiel du Cel Constans. Je puis simplement préciser son activité au Maroc, avant que le Général Carpentier ne le nomme au poste important de Langson.Le Cel Constant était en 47-48 (et sans doute les années suivantes) Chef d'Etat-Major du Général commandant la région dite "Agadir-Confins" (le Sud marocain). Je précise 47-48 car à l'époque j'étais au Groupement Porté de la Légion Etrangère au Maroc (GPLEM), P.C. à Agadir, et ses compagnies dans le Sud. Déjà jugé hautain et suffisant par ses subordonnés des Affaires Indigènes notamment, on l'appelait "le colosse aux pieds d'argile".
Une petite anecdote : Etant à Tiznit à la 2ème Cie du GPLEM, j'ai été chargé d'un stage de perfectionnement de sous-officiers(Légionnaires et Goumiers) de la région. Le colonel Constans est venu assister à un exercice de fin de stage, à tir réel.L'Aèronavale, à titre amical, avait volontiers prété son concours,sans démarches officielles (ce qui faisait des jaloux).Réellement, l'exercice fut sans bavure,appuis feu et mouvements "impec".
Alors que tous les accompagnateurs du Cel étaient visiblement satisfaits - et les élèves aussi de démontrer leur acquis- le Cel Constant, a fait ce commentaire, très sec : "A la fin de l'exercice, je n'ai pas entendu le commandement réglementaire pour les mitailleuses, "Cessez le feu,refermez les caisses". Cela lui paraissait sans doute essentiel plutôt que la technique du combat....dont l'avenir a démontré qu'il ne la maîtrisait guère.
Le sort(malheureux) a voulu que le 1er Bataillon Etranger de Parachutistes où je servais depuis 2 ans en Indochine, me mette à nouveau sous les ordres indirects et très supérieurs du Cel Constant. Etant parachuté à That Khé, le 1er BEP fut intégré au Groupement Le Page pour ce qui devait être l'opération "Tiznit" (coïncidence des noms!)qui était officiellement la seule reprise de Dong Khé. Avant cela,il fallait"donner de l'air" à That Khé et tâter l'adversaire. D'où l'opération sur Po Ma, village frontière à 12 km de That Khé et zone bien garnie en troupes VM entraînées et armées en Chine. Le Cel Constant est venu à That Khé (en Morane, dit Criquet, qu'il ne prenait pas volontiers disait-on, ce qui fut vérifié ensuite)avec ses cartes et ses flêches pour le mouvement de nos troupes, pour une opération de jour. Les chefs de bataillons étaient franchement étonnés et désapprobateurs.Devant le sceptisisme de ses subordonnés (hommes de terrain), le Colonel Le Page -ce fut son mérite- a dit qu'à cette opération de jour, il était préférable de faire une attaque surprise de nuit. Le colonel Constans, un peu vexé du peu d'enthousiasme manifesté pour sa conception "avec des flêches", a laissé carte blanche...et responsabilité au Cel Le Page. Ce fut donc un coup de main de nuit avec retour(pressé) dans la matinée, avec des prisonniers et des documents importants ramenés par le 1er BEP, placé en tête.Une réussite et une leçon : les viets étaient nombreux,agressifs, bien armés et commandés. Et les renseignements ramenés édifiants.
Pour l'opération "Tiznit" qui devait prendre la suite,et grandement plus importante, les chefs de bataillons n'ont
pas apprécié que le cel Constans ne vienne pas exposer son plan, même avec des flêches, et recueillir des remarques éventuelles. Il y eut simplement message radio pour exécution. Et au cours de cette opération, qui en fait était la première phase-inconnue de nous- de l'évacuation de Cao Bang, on ne vit JAMAIS un Criquet avec le colonel Constans nous survoler, ne serait-ce que pour voir le terrain (qu'il ne connaissait guère),assurer le relais radio quand il y a eu défaillance de nos transmissions (due essentiellement au terrain chaotique et compartimenté), et donner des ordres en rapport avec la réalité pas du tout en rapport avec les prévisions. Ce que n'ont guère apprécié les exécutants à tous niveaux mis inconsidérément dans ce "merdier", d'autant qu'ils avaient, au vu de l'ordre initial, demandé le report de l'opération qu'ils jugeaient inadaptée vu les forces et les positions connues de l'adversaire.Ce qui lui a valu des qualificatifs que je préfère ne pas répéter, qui s'appliquent aux gens qui n'aiment pas la proximité des combats. Je peux vous dire cela avec certitude car j'étais alors Officier de renseignements du 1er BEP, et était au courant des ordres reçus...et de ce qu'en pensaient le Cdt Segrétain, et surtout le Cne Jeanpierre qui me confiait volontiers ses commentaires .D'autant, que toujours avec le 1er BEP, la 2ème Cie à laquelle j'appartenais avait été détachée en 48-49 cinq mois sur la RC4, et connaissait fort bien That Khé et Dong Khé,son terrain et les points particulièrement dangereux.
Au fait, j'ai déjà fait part dans un courrier précédent, de ce que le colonel Simon,sur la RC4 depuis 47 et consulté en 49 sur l'évacuation de Cao Bang, avait dit "in fine" aux "hautes autorités",de surtout ne pas prendre la RC4 comme chemin de repli. On peut rappeler aussi les paroles de Galliéni à ses commandants de compagnie "Surtout, ne passez jamais par Coc Xa". Et notre commandement, a choisi la RC4 comme chemin du repli...et le Cel Le Page a choisi de s'installer à Coc Xa pour attendre la colonne Charton.
J'ai appris qu'à la suite du désastre le colonel Constans a fini son séjour comme responsable d'un centre de repos en Cochinchine. |