Bonsoir,
En parcourant avec le plus grand intérêt toutes les réflexions à propos de l'engagement d'Henri Frenay; en constatant qu'il est fait référence au "Manifeste" d'Henry Frenay ainsi qu'indirectement - dans la première intervention de Fabrice - à l'ouvrage contestable et polémique de Charles Benfredj, je me demande s'il ne serait pas opportun d'ajouter ce livre dans notre collection "Livres de guerre". Pour ce qui concerne le vrai/faux manifeste, version Frenay/version Cordier, ce livre "L'Affaire Jean Moulin. La contre-enquête" a le mérite de produire des textes et procès-verbaux qui pourraient nous éclairer.... ou, plus vraisemblablement nous embrouiller un peu plus. Qu'en pensez-vous?
En attendant, le texte ci-dessous, condensé des pages 184 à 186 de "La nuit finira" recueillera certainement notre adhésion.
*** Insensiblement, depuis juillet 40, j'ai beaucoup évolué. En ce printemps 1942, après tout ce que nous avons vu et vécu, je me rappelle avec étonnement la dernière ligne de mon premier manifeste (du 27 juillet 1940) : "Puisse le Maréchal Pétain vivre assez longtemps pour assister au couronnement de notre oeuvre."
Mais à cette époque, s'engager dans la lutte contre le nazisme et espérer en Pétain n'était nullement contradictoire et de Gaulle, à Londres, n'était qu'un inconnu dont la propagande officielle défigurait les traits.
Puis les événements ont marché... Au fur et à mesure que le Gouvernement du Maréchal cédait aux exigences allemandes et que, dans l'ordre intérieur, il prenait des mesures d'inspiration nazie, le fossé, lentement mais régulièrement, s'est creusé entre lui et nous...
Parallèlement à cette prise de conscience politique qui transparaît de plus en plus dans nos journaux et gagne en profondeur dans les rangs de la Résistance, s'est opéré un rapprochement avec les Forces Françaises Libres et leur chef, le Général de Gaulle. Dès la fin du printemps de 1941, j'en avais ressenti le besoin... pour éviter la dispersion des efforts, l'émiettement de la Résistance en groupes et groupuscules...
C'est autour de De Gaulle, pensais-je, qu'il faut se rassembler. . . placé dans la capitale du monde libre en guerre, visant comme nous à la libération et à la victoire : pouvant parler en notre nom, au nom des "silencieux", personne mieux que lui ne peut être le symbole et le porte-parole de la Résistance. ***
(*) Ce condensé des pages 184 à 186 a été repris de l'ouvrage de Benfrendj. Notons toutefois que la date du 27 juillet 1940 est un ajout par rapport au texte de Frenay. Nous savons que cette date est au centre de la douloureuse polémique entre Daniel Cordier et Henri Frenay.
Bien cordialement,
Francis. |