Bonsoir,
Au détour d'une phrase on surprend l'auteur en flagrant délit. Ainsi, page 286, évoquant l'attitude du gouverneur du Tchad, Félix Eboué (1) qui fut parmi les premiers à se rallier à la France libre, Pierre Ordioni reproduit un extrait du livre de Maurice Martin du Gard
"Boisson et l'AOF". Le 4 octobre 1940, soit quelques jours après l'expédition de Dakar (23/09/40) et la tentative avortée du général de Gaulle de rallier l' AOF à la France libre, le gouverneur Boisson confie à Martin du Gard:
"Que commande le véritable patriotisme en Afrique? Maintenir l'unité, ne rien faire qui retarde la refonte de la Patrie lointaine. La dissidence est une maladie très contagieuse dont les blancs feraient les frais en fin de compte. Donner le pas à des sous-officiers, à des métis turbulents sur des officiers de carrière, les faire arrêter et garder par des noirs qui, la veille, leur obéissaient, est une folie dont les répercussions risquent d'être graves pour l'avenir français d'Outre-Mer. Des mouvements qui ne respectent pas la hiérarchie portent en eux des ferments de dissolution."
Et Ordioni de surenchérir en ajoutant:
"Paroles prophétiques d'un instituteur devenu un grand Commis...." Paroles prophétiques?? Mais peut-être pas pour les raisons invoquées!
Bien cordialement,
Francis.
(1) Félix Eboué était de race noire et dès le 26 août 1940 se rallia à la France libre... deux tares impardonnables aux yeux de Boisson en 1940 et ... aux yeux d'Ordioni en 1974.
Eboué est Compagnon de la Libération: