Bonjour,
Les informations que vous nous livrez sont surprenantes. Mais plus rien ne surprend lorsque l'on sait que dans cette tragique et inutile canonnade de Mers el-Kébir subsiste de nombreuses zones d'ombre. Sous réserve de vérification, Hervé Coutau-Bégarie remarquait que les "papiers" de Darlan ne contiennent pratiquement rien sur le sujet. L'amiral Gensoul aurait détruit le calepin sur lequel il avait noté la chronologie de ces journées dramatiques. Le journal, tenu heure par heure, par un officier de l'Amirauté a été brûlé par sa famille. Les cahiers de messages secrets de juin 1940 ont tous disparu - probablement sur ordre - ajoute Couteau-Bégarie. D'autres pièces d'archives ont été intentionnellement détruites. Nous savons également que Paul Baudouin a tenu un journal très détaillé sur la période pendant laquelle il fut ministre des Affaires étrangères. Ce journal fut lui aussi détruit. Seul restera le livre des souvenirs de Baudouin "Neuf mois au ministère des Affaires étrangères" .
Enfin, l'emploi du temps de l'amiral Darlan présente lui-aussi d'innombrables lacunes tant le 3 juillet 1940 (*) que tout au long de sa "carrière" sous Pétain.
Comme Jacques Ghémard, je suis très intrigué par
"P.Baudouin accuse en outre que Darlan a volontairement tronqué le message de Gensoul en omettant de mentionner au conseil la troisième solution proposée par les Anglais, c'est à dire la possibilité pour la flotte française de rallier la Martinique..."
Je n'ai pas la moindre connaissance des minutes du procès de Baudouin. Par ailleurs le flou règne sur ce que Darlan savait exactement à propos de l'ultimatum britannique et d'autre part, comme l'indique Jacques, l'amiral Gensoul, témoignant au même procès, reconnaît sa responsabilité de ne pas avoir communiqué intégralement le texte des différentes propositions formulées par l'amiral Somerville.
Le mystère reste entier. Cependant une première conclusion saute aux yeux: le grand bénéficiaire de l'opération "Catapult" n'est autre que Darlan. Ce dernier obtient le réarmement de la flotte. Ce n'est pas le moindre des paradoxes: ce sont les (ex) alliés britanniques qui souhaitent la neutralisation de la flotte française et ce sont les Allemands qui autorisent à la rendre opérationnelle et en état de combattre.
Bien cordialement,
Francis.
(*) Dans la contribution précédente, par distraction très certainement, Jean Noyé date le drame de Mers el-Kébir au 3 mai. Nos lecteurs auront rectifié d'eux-même, il s'agit bien sûr du 3 juillet. |