L'attentat par Pierre Ordioni - François Darlan - forum "Livres de guerre"
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François Darlan / Henri Michel

En réponse à -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1Dorange, Ordioni, Noguès et Decaux accusèrent l'abbé Cordier de René CLAUDE

L'attentat par Pierre Ordioni de Francis Deleu le lundi 29 mars 2004 à 22h57

Bonsoir,

Pierre Ordioni (Le Secret de Darlan, Editions Albatros, 1974) possède un talent fou pour égarer le lecteur dans le labyrinthe des intrigues, des coups-fourrés, des conspirations ... le tout dans un décor Nord-Africains. Le lecteur est entraîné tambour battant, d'un fait à l'autre, sans trop savoir ce que l'auteur veut de démontrer si ce n'est que son idole est au-dessus de tout soupçon. L'ouvrage est passionnant, ne fut-ce que par ses innombrables anecdotes dont on se demande parfois si elles ne sont pas nées de l'imagination. J'ai redouté un instant que l'ouvrage ne se termine en apothéose par le transfert des cendres de Darlan au Panthéon.

A la page 41, le récit d'un entretien entre Murphy et Noguès est interrompu par le relation de l'attentat :

Le 27 septembre [1942], le commandant Dorange, chef de cabinet du général Juin, reçoit un coup de téléphone de l'aérodrome d'Alger: le Dewoitine de la ligne régulière d'Air-France Vichy-Dakar, dans lequel a pris place à Vichy le général Noguès, a explosé peu de temps après avoir décollé de Maison Blanche et s'est écrasé près d'EI-Mfroun, village situé à 50 kilomètres au sud-ouest d'Alger . Il n'y a pas de sur­vivants. Le général Noguès était à bord.
Avant de devenir chef du cabinet du général Juin à Alger, Do­range était encore trois semaines plus tôt, à Rabat, officier de liaison entre le Résident Général et le commandant en chef. Il saute dans une voiture et fonce vers les lieux de la catastrophe où déjà gendarmes, civils accourus, médecins et infirmiers, membres des services de la Surveillance militaire fouillent les débris de l'appareil. Vingt-six corps en ont été retirés. Vingt-six sur les vingt-sept des passagers et mem­bres de l'équipage dont les noms figurent sur la liste de Maison Blan­che. Stupeur: celui du Résident Général au Maroc reste introuvable ! Voici pourtant sa valise qu'on a déjà ouverte et fouillée pour les en extraire et les photographier, le képi de grande tenue et la vareuse sur laquelle brillent la plaque de grand croix de la Légion d'honneur et la francisque du Maréchal. Dorange s'empare de la valise et file sur Maison Blanche, où on lui confirme que le général Noguès a bien pris place dans cet avion à Vichy, avec un billet pour Casablanca, et qu'il s'y trouvait à l'escale d'Alger!
Dorange, revenu à son bureau, se perd en conjectures quand le téléphone sonne: c'est le général Noguès qui l'appelle.... de l'aéro­drome de Casablanca ! Il vient d'apprendre l'accident et se montre très inquiet au sujet de sa valise. Elle est là. Dorange y a-t-il trouvé un carnet vert ? Non. Il s'agit de le récupérer à tout prix avant que qui que ce soit s'en empare ou même y mette son nez: il y consigne les choses les plus confidentielles.
Dorange est retourné sur les lieux de la catastrophe et a tout mis en oeuvre pour récupérer le précieux carnet. Il interroge, enquête, fait fouiller les débris de l'appareil. Pas de carnet vert. On ne le retrouvera jamais.
Cette étrange disparition n'explique pas à Dorange comment la valise se trouvait dans l'avion d'Air-France au moment de l'explosion, non seulement sans que son propriétaire compte parmi les victimes, ni comment celui-ci est arrivé à Casablanca !
A l'escale de Maison Blanche, Noguès, descendu un instant pour se dégourdir les jambes, était tombé sur le général Bergeret, secrétaire d'Etat à l'aviation jusqu'au retour au pouvoir de Pierre Laval, et main­tenant chargé de la défense aérienne de la Métropole et de l'Empire. Il vient, lui aussi, de Vichy, en route pour l'AOF où l'appelle une tournée d'inspection. Le Dewoitine d'Air-France s'est posé à côté de son Glenn Martin dont les pleins sont faits. Il doit se poser à Casa pour une seconde escale technique, et Bergeret presse le Résident Gé­néral de faire route avec lui désirant l'entretenir "d'affaires très im­portantes concernant le Maroc".
Noguès hésite une seconde: il aurait aimé reprendre sa valise. - "Elle suivra, lui dit Bergeret. Montez !" Et Noguès monte. On sait la suite.
Le soir même, dans les milieux officiels d'Alger et dans les popo­tes d'aviation, on parle ouvertement d'attentat perpétré contre le Résident Général auquel il n'a échappé que par un prodigieux concours de circonstances.

Quand Murphy, passé du salon dans le cabinet de travail du Rési­dent Général, aborde le sujet qui lui a fait solliciter cet entretien, il ignore que Noguès a sur son bureau le résultat de l'enquête, discrète et encore officieuse, qu'il fait mener par ses propres services à Alger. Sur une feuille de papier il a reproduit des propos tenus l'avant-veille de l'attentat et inscrit le nom de leur auteur. Celui d'un Français appartenant précisément au petit groupe de conjurés qui évolue autour d'un autre plus restreint avec lequel le diplomate américain est en contact...(*) Il sait à quoi s'en tenir sur cette conjuration qui a des allures de complot.


(*) Pierre Ordioni ajoute en note de bas de page:

Ces propos et le nom de leur auteur sont transcrits de la main du général Noguès. Cette note figure dans un dossier qu'il a constitué sur cette affaire et qui se trouve dans les volumineuses archives personnelles qu'il a laissées. S'y trouve aussi un télégramme officiel, daté de Vichy, 19 octobre, dans lequel le général Jannekeyn, Secrétaire d'Etat à l'aviation, dont les services de sécurité mènent de leur côté leur propre enquête à Alger, l'informe qu'il "retient la possibilité d'un attentat" et lui suggère "de provoquer l'ouverture d'une enquête judiciaire au Maroc".

Il faudra attendre la page 274 pour en savoir plus. Ce sera pour demain.... suspens oblige!

Bien cordialement,
Francis.

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