Monsieur Lorenceau,
Apparemment, vous ne voyez pas en quoi vous m’avez attaqué – ou feignez de ne pas le voir. Vous écrivez : « Ne voyez pas dans mes critiques ponctuelles sur le sujet du Brigadier Masson ou du fils du Général Guisan, une attaque personnelle de votre travail remarquable, qui fait partie de mes plaidoiries à décharge, ou une condamnation de la nécessairement imparfaite neutralité ("évolutive" sans conotation péjorative dans ce terme) suisse. »
Là est toute la question. Je ne fais pas de plaidoirie à décharge, parce que je ne mène pas d’instruction à décharge, parce que je ne mène pas d’instruction du tout. Et je ne rends pas de jugement. Je ne mène pas une enquête non plus.
Je fais des recherches et je livre le fruit de mes recherches. Je réponds surtout aux questions qui sont au cœur de ma problématique. Elles sont, par exemple, pour mon premier livre : comment le SR suisse estimait la menace allemande ? par quelle méthode ? comment cette estimation évolue dans le temps ? qui sont les hommes qui l’établissent ? Dans le second, les questions sont plus : qui passe la frontière clandestinement avec des renseignements ? à qui ces derniers sont-ils destinés ? cette communauté qui les reçoit, quelle est sa nature ? quelle est l’influence de son établissement en Suisse sur la politique de neutralité du gouvernement ? Ce genre de questions.
Le problème n’est donc pas les « critiques ponctuelles » sur Masson. En écrivant que j’ai fait « plus un plaidoyer pour LA Suisse qu'une appréciation objective », vous niez que j’ai fait mon travail d’historien avec déontologie. Je suis en droit d’exiger sinon que vous en fassiez la démonstration, du moins que vous étayiez un minimum vos accusations. Et ce n’est pas en montrant que ma description de Masson est erronée – ce qui, au passage, reste à démontrer – que vous aurez fait le moindre pas dans ce sens. |