Assurément, il faut de tout dans ce bas monde, des Alain Cerri (et j'en profite pour m'excuser d'avoir précédemment écorcher votre nom) qui mettent en ligne, à la disposition de tous les curieux, des informations utiles et précises, et d'autres qui se lancent dans l'aventure d'une thèse, c'est-à-dire qui acceptent de placer la barra assez haut, se soumettent à un directeur de thèse qui les aidera mollement, mais ne donnera son feu vert que lorsque tous les matériaux pertinents pour le sujet auront été défrichés.
C'est un travail ingrat, car il est bien rare qu'en histoire contemporaine, le défrichage systématique de tel ou tel fond d'archives parvienne à révolutionner les connaissances que l'on a d'un évènement, mais le niveau de fiabilité des informations aura été considérablement rehaussé.
Sans être spécialiste de Glières,je le répète, j'ai voulu comparer la présentation de Barbier avec celle qu'en faisait Charles Rickard en 1986 dans le seul bouquin qu'en cet mois de juillet pluvieux en Savoie, j'ai sous la main: "La Savoie dans la Résistance". Que disait Rickard sur la genèse du bataillon des Glières:
"A l'origine des Glières, il y eut tout d'abord l'annonce du grand parachutage. [citation de Romans-Petit] Les effectifs d'une compagnie paraissent alors nécessaires mais suffisants pour assurer le succès de l'opération si ardemment réclamée par Cantinier...
Mais le 30 janvier, Jourdan apprend que tous les camps de Haute-Savoie doivent faire mouvement sur les Glières. A Thônes, le lieutenant Morel lui explique les raisons de ce revirement. Les raisons sont claires. Des trains entiers de miliciens, de gardes mobiles et de GMR arrivent de toutes part. Devant les prochains assauts, les camps ... ne pourront tenir... Les camps vont donc monter sur le plateau..."
En fin de compte, la présentation que fait Barbier dans les pages 141-147 n'est pas révolutionnaire, mais elle est bien plus solide, car les différents éléments sont discutés en détail et le témoignage de Jourdan est recoupé par d'autres sources.
Il serait intéressant de comparer la thèse de Barbier et le bouquin qui en est résulté. Avez-vous eu l'occasion de le faire ?
J'ai appris à la page 16 du bouquin qu'une autre thèse avait été soutenue en 1991 à Cambridge par Paul Abrahams sur la Haute-Savoie pendant la Seconde Guerre mondiale, thèse britannique directement publiable (la thèsard britannique est dispensé de la double peine d'avoir à rédiger une thèse indigeste et ensuite, s'il n'est pas mort, un livre édité). Cette thèse n'a été traduite qu'en 2006 (La Haute-Savoie contre elle-même: 1939-45. Les Hauts-Savoyards vus par l'administration de Vichy) dans un livre malheureusement disponible que dans un nombre très restreints de BU. Avez-vous lu ce livre ? qu'en pensez-vous ?
Emmanuel |