Contrairement à ses déclarations fracassantes à la presse nationale ou lors de conférences publiques en 2012, Claude Barbier fait, dans cet ouvrage académique sur l’histoire du maquis « de » Glières, un exposé assez pertinent dans l'ensemble malgré une tendance à sous-estimer la volonté de combattre des maquisards, et à minimiser l'importance des combats. Cependant, aux yeux du public informé, il enfonce des portes ouvertes et n’apprend absolument rien de nouveau sur les événements : un livre de mise au point peut-être utile, mais un pétard mouillé aux interprétations tendancieuses !
Dans sa présentation, l'éditeur écrit : « Jusqu'à l'heure actuelle, aucune recherche sur cette " grande et simple histoire " (André Malraux), n'avait été entreprise sur la base d'archives provenant tant de France, d'Allemagne, de Grande-Bretagne ou de Suisse que des États-Unis. La découverte de nombreux documents d'époque comme les entretiens conduits auprès des derniers témoins permettent de contester l'extravagance de certains bilans. »
Or, non seulement une recherche sérieuse et documentée aboutissant à « contester l'extravagance de certains bilans » a été entreprise dès 1996 par Alain Cerri sur son site
http://alain.cerri.free.fr, recherche dont s'est inspiré pour une part Claude Barbier, mais encore il est totalement faux d'affirmer que de nouveaux documents probants ont été découverts.
De toute façon, en 2012, sans attendre la publication de son étude, Claude Barbier a multiplié conférences publiques et déclarations à la presse, selon lesquelles, pour résumer, la bataille des Glières est une pure légende née en 1944, qu'il n'y a eu ni bataille ni affrontement et que les maquisards sont montés aux Glières, non pour réceptionner les armes promises par les Anglais, mais pour se cacher !
Or, d’une part, si la légende, issue de la propagande de guerre et exaltée par le gaullisme dans les années soixante, se perpétue toujours, quoique de manière très atténuée, dans certaines publications et une partie du grand public, les gens avertis savent, depuis plus de vingt ans (recherche d'Henri Amouroux en 1985 et surtout enquête d'Alain Dalotel en 1992), qu’il n’y a pas eu de grand combat entre les maquisards des Glières et les soldats allemands le 26 mars 1944, mais qu’il y a tout de même eu des affrontements entre maquisards et miliciens français dès le 5 février 1944, et entre maquisards et soldats allemands le 26 mars au matin (Lavouillon) et au soir (Monthiévret) après pilonnage d’artillerie et bombardement aérien durant plusieurs jours !
D’autre part, la plupart des maquisards des Glières ne sont pas montés sur le plateau pour s’y cacher comme le déclarait Claude Barbier : « On écrit depuis 67 ans que c'est pour recevoir des parachutages [d'armes par les Alliés] à Glières que les maquisards rejoignent le plateau. Dit ainsi, cela est faux. La raison première pour laquelle on rejoint Glières, c'est pour s'y cacher. » Dans son livre, Claude Barbier modère ses propos, mais écrit tout de même à la page 143 : « […] la nécessité de se prémunir des attaques du maintien de l’ordre – se cacher donc – passait avant la réception des armes. » Ce qui est absurde ! En effet, prétendre que « se prémunir des attaques [...] passait avant la réception des armes » signifie que l'on renonce à réceptionner les armes pour « se cacher » : or, le 31 janvier 1944, cent vingt maquisards montent « se cacher » où ? Sur le plateau des Glières, homologué par les Anglais en vue de recevoir des parachutages d'armes promis pour la pleine lune de février !
De plus, il est absolument incontestable que le capitaine
Romans-Petit (organisateur de l'Armée secrète dans l'Ain et chef de l'A.S. en Haute-Savoie de fin novembre 1943 à début février 1944) a donné, fin janvier 1944, pour mission au lieutenant
Tom Morel, chef des maquis de Haute-Savoie, de réceptionner les parachutages promis par les Anglais avec quelque deux cent cinquante hommes. Or, le 31 janvier 1944, lorsque la Haute-Savoie est mise en état de siège par l'intendant de police Lelong, ce sont seulement trois camps A.S. (environ cent vingt hommes) qui montent (en colonne organisée et sur ordre) sur le plateau. Le 12 mars, arrivent encore plus de cent vingt hommes du Chablais et du Giffre (de nouveau en colonne et sur ordre, de même que les quatre-vingts F.T.P. montés précédemment), et c’est seulement le 18 mars que le bataillon des Glières atteindra son effectif définitif d’environ quatre cent cinquante hommes qui affronteront les miliciens français et les soldats allemands du 20 au 26 mars 1944. Sachant que le plateau était encerclé par les forces de l’ordre depuis le 13 février, que la « guerre des ondes » faisait rage focalisant l'attention sur les Glières depuis le 2 février, que les bombardements allemands avaient commencé le 12 mars, annonçant les troupes terrestres, on ne montait pas vraiment aux Glières pour se cacher !