Bonsoir,
Quitte à nous perdre dans la pile branlante de bouquins qui s'accumulent, citons encore Henri Amouroux. Dans Pour en finir avec Vichy - Tome 1 : Les oublis de la mémoire 1940, Amouroux cite à son tour d'autres ouvrages (p. 284-285). Référence est également faite au livre de Truchet dont il fut déjà question ici : Truchet et ici : D'autres liens, d'autres bouquins***** À défaut de transférer, après cent batailles perdues, le gouvernement en Guadeloupe ou à la Martinique, était-il possible de continuer la guerre en Afrique du Nord ? Paul Reynaud écrit avoir fait part, dès le 16 mai, de cette « éventualité » à « son entourage » et d'abord à M. Roland de Margerie, qui s'en ouvrit rapidement à Churchill, mais, ajoute-t-il, Churchill ne croyait pas encore « à la terrible efficacité des Panzerdivisions », puisqu'il reçut la confidence de Margerie comme « une boutade »; plus, comme « accès de démence »; plus encore, comme une preuve de « défaitisme ». [1]
L'étonnement de Churchill, le 16 mai, confirme ce que j'ai été amené à écrire à propos du réduit breton : la mise en défense de l'Afrique du Nord ne pouvait être sérieusement préparée en temps utile puisqu'elle aurait signé le renoncement à la victoire sur le sol de la métropole.
Si, de tous les auteurs qui ont étudié le problème, M. André Truchet est l'un des mieux renseignés, son livre, L'Armistice de 1940 et l'Afrique du Nord, tout en défendant avec force la thèse d'une possible résistance, la ruine en deux lignes et en une date. Qu'écrit-il, à vrai dire ? Que la défense de l'Afrique du Nord, « grâce au repli sur l'Empire d'effectifs et de matériels importants, était une opération réalisable à condition qu'elle fût commencée en temps utile ». Mais à quelle date ? Truchet avance celle du 20 mai, dix jours après le début de l'attaque allemande, alors que le sort de la guerre pouvait, ce jour-là, logiquement dépendre de l'afflux d'hommes et d'armes en direction de la bataille qui se livrait dans le Nord et que plusieurs circonstances auraient empêché ce 20 mai d'être retenu, par l'histoire, comme « premier jour » de l'opération « Afrique du Nord ».
Le 20 mai est, en effet, le jour où l'Amirauté anglaise, sur ordre de son gouvernement, qui « oubliera » d'en informer le gouvernement français, prend ses premières dispositions pour évacuer, par Dunkerque, les soldats du corps expéditionnaire.
Le transport « d'effectifs et de matériels », pour reprendre les mots de Truchet, en direction de l'Afrique du Nord n'aurait pu avoir lieu sans le concours de la marine britannique que, pour le même objet, de Gaulle ira vainement solliciter le 9 juin. ***** Bien cordialement,
Francis. |