La situation militaire envisagée dans le rapport est, en gros, celle qui découle de l'arrivée au pouvoir de Pétain et de l'armistice. Seuls des lambeaux d'empire français restent du côté anglais. Je suis d'accord avec Jacques sur ce point.

En ce qui concerne le sujet de ce fil, les conditions de la poursuite de la guerre en AFN, ce rapport montre simplement qu'au moment où il est rédigé, entre le 20 et le 25 mai, alors même que la question de l'écroulement de la France est considéré comme possible, il n'y a pas d'évidence pour les auteurs du rapport à discuter de la possibilité de sauver les meubles en AFN. Peut-être y auraient-ils penser après le discours de Churchill du 4 juin:

« ... we shall never surrender, and even if, which I do not for a moment believe, this Island or a large part of it were subjugated and starving, then our Empire beyond the seas, armed and guarded by the British Fleet, would carry on the struggle, until, in God's good time, the New World, with all its power and might, steps forth to the rescue and the liberation of the old. »

Sans doute Churchill peut-il évoquer cette éventualité, parce qu'elle reste très improbable, les Anglais ont les moyens de résister à l'invasion allemande. Le sentiment de communauté de destin du Royaume Uni et des États-Unis est beaucoup plus crédible que ne le sera quelques jours plus tard celui de la France avec le UK.

Quelque soit l'intérêt du rapport, son interprétation est un peu délicate, car on n'en connait pas les parties cachées, transmises uniquement par oral, comme le rôle du radar, parfaitement intégré à la défense anti-aérienne anglaise dont il est une pièce maitresse. Il semble bien que le mot radar ne doive figurer dans aucun document écrit. Y-a-t-il beaucoup de sujets interdits comme celui-là ? Nous ne le savons pas.

Si les mesures préconisées par les auteurs seront effectivement mises en oeuvres dans les mois et les années suivantes (alliance avec les USA, bombardements sur l'Allemagne, action subversive dans les pays occupés), leur clairvoyance est inévitablement prise en défaut sur un certain nombre de points, à commencer par la perte des forces britanniques engagées en France. Les gigantesques problèmes d'unemployment prévus pour l'industrie de l'Europe allemande seront, en gros, évités jusqu'en 1944. Dans une économie de guerre, le rationnement généralisé peut aller de pair avec le plein emploi.