1) Je ne parle pas "des Français" mais de nos décideurs militaires et politiques. Ce ne sont pas "les Français" qui, en effet, ont eu leur mot à dire en 1940.
2) Que l'Empire n'ait pas été pris au sérieux dans le cadre de notre stratégie militaire est en soi discutable du seul point de vue militaire. Après tout, des alliés de l'Allemagne étaient susceptibles de le menacer, quoique "neutres" en 1940 : l'Italie en Afrique du Nord, le Japon vis-à-vis de l'Indochine. Là n'est toutefois pas la question. Il s'agit surtout de comprendre ce qui a pu passer par la tête des décideurs susmentionnés.
3) A ce titre, le fait est que jamais ils n'ont tenu compte du potentiel stratégique de l'Empire, ni avant, ni pendant la débâcle. Il était certes rationnel de miser l'essentiel sur l'Hexagone, mais pas au point de ne rien envisager en cas de défaite militaire dans ce secteur du monde. Gouverner c'est prévoir.
4) Comme l'a fait valoir le regretté Henri Michel en son temps, la bataille de France a été en fait assimilée par nos gouvernants à la guerre - tout court. Lorsque Pétain a sollicité l'armistice, il ne pensait pas à un simple cessez-le-feu, mais à la paix. De militaire, la défaite est devenue politique, donc totale. C'était se méprendre sur les potentialités subsistantes. Facile à dire, après coup ? D'aucuns l'avaient pourtant bien vu : Churchill, De Gaulle, Mandel.
5) Quant à votre observation sur De Gaulle, question de logique : dès lors qu'il était favorable à la poursuite des hostilités, il était nécessairement favorable à un repli en Afrique du Nord... Je vous renvoie sur ce point au travail de Truchet, déjà cité. |