En ce qui concerne la Pologne, je pense que nous argumentons l’un à côté de l’autre.
« Dans le sens d'une initiative polonaise qui ne devrait strictement rien à la politique menée en Allemagne à la même époque, […]. Or, vous oubliez que les restrictions d'accès à la Palestine édictées par les Britanniques en 1936 sont la conséquence directe de l'accroissement de l'émigration juive vers ce territoire, laquelle résulte d'une politique... hitlérienne. »
Ce n’est pas mon propos, je n’oublie pas et j’accorde volontiers que les persécutions, les discriminations et la politique d’émigration juive du gouvernement polonais est sous influence allemande. Je veux simplement dire que la destination, Madagascar, n’est pas inspirée par Hitler (mais évoquée par les Sionistes depuis le début du siècle et envisagée après les restrictions britanniques sur la Palestine) et que les deux « plans Madagascar », le polonais et le nazi, ne se ressemblent pas, ne sont pas de même nature.
Enfin, j’avais également noté cet intéressant passage de Melzer qui montre la confusion entre la fin et les moyens opérée par des diplomates français pourtant basés sur place, à Berlin et à Varsovie. Il faut peut-être noter que l’auteur parle de soupçons de collusion et qu’il ne fait pas allusion spécifiquement à Madagascar, mais à l’émigration juive vers l’Afrique et à l’Amérique du Sud. Nous sommes alors à l’été 1936, soit avant que les nazis ne reprennent cette destination à leur compte.
« C'est en cela que la participation suisse au durcissement de la législation antisémite allemande, en 1938, est un succès total, car il ouvre la voie à d'autres compromissions. Quand on lit le discours, plutôt pétainiste, de Marcel Pilet-Golaz du 25 juin 1940, on se dit, décidément, qu'en cas de triomphe militaire nazi au printemps 1940, la Suisse serait sans doute allée encore plus loin, ne serait-ce que pour ne pas froisser le nouveau maître de l'Europe. L'échec de Hitler que vous mentionnez découlera d'un seul et unique facteur : la persistance des Britanniques à résister en 1940. »
Mouais… Lorsque je tentais de mettre de la nuance dans le succès de l’exportation du « problème juif » allemand au niveau mondial, c’était bien pour qu’on n’en arrive pas là. La Suisse a fermé ses frontières en 1942. Elle est allée déjà bien loin. Jusqu’où pensez-vous que la Suisse serait allée ? Tout cela mérite d’être un peu étayé. Pour ma part, je ne me dis pas ce que vous vous dites lorsque je lis le discours de Pilez-Golaz. Comment le voyez-vous concrètement ?
Pour ce qui est de votre conclusion, non, l’échec de Hitler à exporter en Suisse son « problème juif » existentiel ne découle pas uniquement de la résistance britannique. Elle a, et aurait certainement, conservé dans une large mesure ses fonctions démocratiques. Ces fonctions ont, et auraient, évité, comme dans tous les autres pays qui les ont conservées, l’importation d’un « problème juif » sur le modèle de celui qui s’est imposé en Allemagne. |